La loi de l'offre et de la demande bat son plein. Le marché de l'or noir la subit de plein fouet. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a prévenu s'attendre à un déficit d'offre par rapport à la demande mondiale plus vu depuis 2007. L'Opep a estimé qu'au quatrième trimestre, la demande pourrait dépasser l'offre de brut de 3,3 millions de barils. Ce qui représenterait une première depuis 16 ans. La demande mondiale augmentera de 2,25 millions de barils par jour en 2024, légèrement en dessous de la croissance prévue de 2,44 millions pour l'année 2023 selon le dernier rapport mensuel de l'Opep publié mardi. L'organisation anticipe également une reprise robuste de la demande mondiale, portée par la croissance économique mondiale actuelle, notamment la reprise du tourisme, des voyages aériens et de la mobilité automobile. L'Opep prévoit que la demande mondiale de pétrole devrait dépasser les niveaux de 2019, avant la pandémie, dès cette année. Aux chiffres de l'Opep s'est ajoutée une information du Financial Times, selon laquelle l'Agence internationale de l'énergie (Aie) anticipe désormais un pic de demande pour les énergies fossiles avant 2030, selon un rapport à paraître en octobre, consulté par le célèbre quotidien financier américain. La perspective d'un resserrement de l'offre durant les trois derniers mois de l'année a été, par ailleurs, confirmée par l'Aie. L'Agence internationale de l'énergie prévoit, en effet, une «importante pénurie de l'offre» de pétrole au quatrième trimestre 2023, indique son rapport mensuel publié hier. Même après la prolongation, promise jusque fin décembre, des réductions de volumes de l'Arabie saoudite et de la Russie, le marché ne s'attendait pas à un tel déficit, a souligné dans une note Edward Moya, d'Oanda. L'Arabie saoudite va continuer de réduire sa production de pétrole d'un million de barils par jour (bpj) pour «trois mois supplémentaires», d'octobre à décembre 2023, maintenant sa stratégie visant à soutenir les cours du brut, a annoncé, le 5 septembre, le ministère saoudien de l'Energie. Une mesure à laquelle se sont joints les russes. La Russie maintient la réduction de ses exportations de pétrole de 300.000 barils par jour jusqu'à la fin 2023, a indiqué pour sa part le vice-Premier ministre russe, après l'annonce par Riyadh du maintien de sa baisse de production d'un million de barils par jour. Ce qui maintiendrait la production potentielle de l'Opep à 27,5 millions de barils par jour. «Un épuisement quotidien des stocks de plus de 3 millions de barils par jour, s'il s'avère exact, qui représente le plus grand déficit de l'offre mondiale depuis 16 ans», souligne Tamas Varga, de PVM Energy. Cette «pénurie attendue» détermine l'humeur du marché et pousse les prix à la hausse, note l'analyste. Les investisseurs attendent désormais les yeux braqués sur la publication de l'état des stocks hebdomadaires commerciaux américains par l'Agence américaine d'information sur l'énergie (Aie) pour la semaine achevée le 8 septembre. Les stocks de brut s'étaient renforcés d'environ 1,17 million de barils la semaine dernière, et ceux d'essence de 4,2 millions de barils, selon les estimations de la fédération des professionnels du secteur, l'American Petroleum Institute (API). Les analystes tablent pour leur part sur une chute de 2,481 millions de barils des réserves commerciales de brut, et sur une baisse de 850.000 barils d'essence, selon la médiane d'un consensus compilé par Bloomberg. En attendant le verdict de l'AIE, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre s'échangeait à 92,11 dollars hier vers 15h00. Son équivalent américain, le West Texas Intermediate (WTI) valait quant à lui 88,80 dollars. Leurs sommets les plus élevés depuis novembre 2023. Iront-ils plus haut? Le scénario est très probable...