Il y a des informations qui dépriment le marché de l'or noir. C'est le cas de celle qui a émané de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. Que dit-elle? «La prévision de croissance de la demande mondiale de pétrole pour 2022 est révisée à la baisse de 0,1 million de barils/jour (mb/j) pour s'établir désormais à 2,5 mb/j», indique l'Opep dans son rapport mensuel du mois de novembre. Si la demande au deuxième trimestre a finalement été légèrement revue à la hausse, tirée par des chiffres plus hauts que prévu parmi les principaux pays consommateurs de l'Ocde, (l'Organisation de coopération et de développement économiques, dont les pays membres sont pour la plupart développés), la demande pour les troisième et quatrième trimestres a été «révisée à la baisse en raison de la politique zéro Covid en Chine, d'incertitudes géopolitiques persistantes et d'une activité économique plus faible», précisent les rédacteurs du document. La politique sanitaire de la Chine, et les incertitudes économiques et géopolitiques liées à la guerre en Ukraine ont largement contribué à la révision à la baisse de la demande mondiale par l'Opep. La relation de cause à effet entre une demande mondiale d'or noir qui s'annonce plus molle que prévu et la baisse des prix est incontestable. Les prix du pétrole reculaient, «les investisseurs continuant à évaluer les perspectives économiques mondiales (...) et la stratégie de la Chine contre le Covid», commente Craig Erlam, analyste chez Oanda. Après avoir reculé de près de 3%, lundi, le Brent de la mer du Nord a poursuivi sa baisse, hier, en cours d'échanges. À 15h10, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier cédait 0,62 dollar pour afficher 92,52 dollars. Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en décembre reculait pour sa part de 70 cents pour se négocier à 85,17 dollars. Si ces deux derniers mois de l'année ne s'annoncent pas sous les meilleurs auspices, l'embellie ne pointerait pas non plus le bout du nez l'an prochain. Pour 2023, l'Opep table désormais sur une croissance de la demande à 2,2 mb/j. Soit une baisse de 0,1 mb/j par rapport à son estimation du mois d'octobre. Il faut rappeler que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), l'Agence internationale de l'énergie (AIE) et l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA) avaient souligné dans leurs rapports mensuels respectifs sur le marché de l'or noir publiés le mois dernier que la demande sera moins robuste que prévu en 2022 et 2023. En ce qui concerne la situation des stocks mondiaux, l'Opep a observé «le passage apparent d'un déficit à un excédent en termes d'approvisionnement en pétrole», en raison d'une inversion de tendance au cours des deuxième et troisième trimestres. «Au cours des trois premiers trimestres de cette année», la constitution observée des stocks mondiaux a montré que «le marché mondial du pétrole a connu un excédent d'approvisionnement d'environ 0,3 mb/j par rapport à la demande mondiale totale de pétrole»: «Ce surplus de l'offre a été confirmé par de faibles cycles de raffinage de brut, qui sont un indicateur de la performance de la demande de pétrole», ont estimé les experts de l'Opep. Les stocks mondiaux de pétrole ont crû de 158 millions de barils pour atteindre près de 8,1 milliards de barils en septembre 2022, ont-ils fait constater. La production de l'Opep a de son côté diminué de 210000 barils par jour en octobre par rapport à septembre, pour atteindre un total de 29,5 millions de barils par jour, selon des sources indirectes citées lundi par l'Organisation. Le rapport de l'Opep présente «une lecture sombre pour le reste de l'année 2022 et pour le premier semestre de 2023», constate Tamas Varga, analyste chez PVM Energy. Est-ce annonciateur d'un déclin des cours de l'or noir? Rien n'est moins sûr...