L'Agence internationale de l'Energie (AIE) a légèrement revu en hausse jeudi sa prévision de la demande de pétrole en 2018 après un solide début d'année, et estimé que le rééquilibrage du marché progressait. La demande mondiale de pétrole devrait progresser de 1,5 million de barils par jour (mbj) cette année, contre une précédente prévision de 1,4 mbj, pour atteindre 99,3 mbj. La demande est en effet soutenue par une solide croissance économique même si "de récents signes de protectionnisme en provenance des Etats-Unis posent un risque pour les prévisions en augmentant la possibilité d'une guerre commerciale mondiale". Cette remarque fait suite à l'annonce par le président américain Donald Trump de droits de douanes sur l'acier et l'aluminium. Il envisage aussi de taxer certaines importations spécifiques en provenant de Chine, selon des médias. La prévision de l'offre pour cette année n'a pas été modifiée, précise l'AIE dans son rapport mensuel sur le pétrole. Elle devrait nettement progresser cette année, soutenue par la production américaine de pétrole de schiste. L'AIE note toutefois que le déclin de la production du Venezuela pourrait accélérer, alors que ce pays est touché par de graves troubles politiques. Si cette baisse n'était pas compensée par d'autres pays, cela pourrait être "l'élément final faisant résolument basculer le marché dans le déficit". "Le rééquilibrage du marché est clairement en train de progresser", conclut l'agence en s'appuyant sur plusieurs indicateurs comme le rapprochement de l'offre et de la demande, la baisse des stocks de l'OCDE à un niveau proche de la moyenne et des cours à des niveaux qui semblent soutenables. Les cours du pétrole avaient chuté à la mi-2014 mais sont depuis remontés, s'établissant fermement au-dessus des 60 dollars le baril dernièrement. Ils ont été soutenus par la décision fin 2016 des pays producteurs de l'Opep, associés à d'autres producteurs non membres du cartel dont la Russie, de limiter leur production.
Hausse de production aux Etats-Unis Par ailleurs, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui continue de limiter sa production de brut, a de nouveau revu à la hausse sa prévision de production de pétrole aux Etats-Unis pour 2018. Le cartel a revu en hausse de 0,28 million de barils par jour (mbj) son estimation de la production non-Opep cette année: elle devrait atteindre 59,53 mbj, soit une croissance de 1,66 mbj sur un an. Cette nouvelle réévaluation à la hausse fait suite à une production plus importante que prévu au premier trimestre et à un changement de prévisions pour plusieurs pays, dont les Etats-Unis au premier chef. L'Opep prévoit en effet que le pays, où les réserves de pétrole de schiste abondent, pompera plus que ce qui était anticipé jusqu'alors. Les pays producteurs de l'Opep, associés à dix autres producteurs non membres du cartel dont la Russie, s'étaient pour leur part mis d'accord fin 2016 pour limiter leur production afin de contenir la chute des cours. Le prix du baril s'est ainsi raffermi dernièrement. Mais avec des cours plus avantageux, il devient aussi plus tentant de produire du pétrole, notamment pour les compagnies indépendantes américaines, quitte à menacer le rééquilibrage du marché. Les pays de l'Opep continuent en revanche de faire preuve de discipline. Leur production a décliné de 77.000 barils par jour entre janvier et février, selon des sources secondaires (indirectes). Le Venezuela - qui connaît de graves troubles politiques - les Emirats arabes unis et l'Irak ont moins produit tandis que le Nigeria et l'Angola pompaient plus de pétrole. Du côté de la demande, l'Opep a très légèrement relevé à la hausse sa prévision de croissance pour cette année. Les besoins en or noir devraient être solides, notamment en Chine, alors que la croissance économique mondiale est attendue à 3,8% cette année comme l'an dernier, selon le cartel. "La dynamique saine de l'économie mondiale, ainsi que les efforts entrepris par les pays membres et non membres de l'Opep dans le cadre de leur déclaration de coopération, soutiennent le rééquilibrage des fondamentaux du marché du pétrole", souligne l'Opep.
Perspective d'une demande solide Les cours du pétrole ont légèrement grimpé jeudi alors que l'Agence internationale de l'Energie (AIE) a revu à la hausse ses prévisions de demande mondiale de brut. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a progressé de 23 cents pour terminer à 65,12 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour le contrat d'avril a pris 23 cents et clôturé à 61,19 dollars. Selon le dernier rapport mensuel de l'AIE, la demande mondiale de pétrole devrait atteindre cette année 99,3 millions de baril, soit 1,5 million de plus qu'initialement anticipé. Un signal positif pour les ventes d'or noir dans les prochains mois. Toutefois, si "la hausse des prévisions de la demande pourrait profiter aux prix sur le court terme", "l'essor de la production américaine de pétrole de schiste continue d'empêcher les prix de bondir", a prévenu Lukman Otunuga, analyste chez FXTM. "Les cours du WTI restent coincés depuis plusieurs semaines autour des 60 dollars, ce marché ne va nulle part", a abondé Kyle Cooper d'AIF Advisors. "Entre l'abondante production américaine, de nature à peser sur les prix, la solide demande, de nature à les faire monter, et l'Opep qui respecte ses engagements, rien ne bouge vraiment", a-t-il justifié. La production américaine a en effet atteint un nouveau record la semaine dernière, au niveau moyen de 10,38 millions de barils par jour, selon le rapport hebdomadaire de l'Agence américaine d'information sur l'Energie (EIA) publié mercredi. De quoi contrecarrer les efforts des membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et de ses partenaires, qui se sont engagés à limiter leur production pour rééquilibrer le marché et faire monter les prix. L'AIE a à cet égard revu en légère hausse ses prévisions de production de l'Opep, à 32,4 millions de barils par jour. Mais le cartel avait lui-même la veille dans son propre rapport mensuel revu en légère baisse ses anticipations à 32,6 millions de barils. "Les prévisions des deux agences commencent à converger", a observé Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix, ce qui permet au marché de se reposer sur des prévisions plus consensuelles.
Hausse en Asie Les cours du pétrole continuaient de grimper jeudi matin en Asie mais la hausse était limitée par les craintes sur l'offre de pétrole de schiste américain. Vers 04h00 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en avril, prenait 10 cents à 61,06 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, pour livraison en mai, gagnait trois cents, à 64,92 dollars. Les cours avaient hésité avant de monter après un rapport contrasté de l'Agence américaine d'information sur l'Energie (EIA), montrant à la fois une forte hausse des stocks de brut et une chute des réserves d'essence. "Les cours se sont repris grâce à l'appétit des consommateurs américains pour l'essence", a commenté Stephen Innes, analyste chez Oanda. "Mais, la machine à pétrole de schiste américaine ne montre aucun signe de ralentissement. L'Opep reconnaît à présent que l'offre de brut non-Opep emmenée par les producteurs américains de pétrole de schiste va dépasser la croissance de la demande mondiale de brut en 2018", a-t-il ajouté. Les pays producteurs de l'Opep, associés à dix autres producteurs non membres du cartel dont la Russie, s'étaient accordés fin 2016 pour limiter leur production afin de rééquilibrer le marché. Mais les marchés craignent que ces efforts ne soient réduits à néant par l'offre américaine. De plus, les investisseurs craignent les conséquences pour la croissance économique mondiale d'une éventuelle guerre commerciale alors que le président américain Donald Trump a imposé des taxes sur l'aluminium et l'acier, selon les analystes.
Les stocks de brut US grimpent, ceux d'essence chutent Les stocks de pétrole brut ont progressé deux fois plus que prévu aux Etats-Unis la semaine dernière tandis que ceux d'essence et d'autres produits distillés ont fortement reculé, selon des chiffres publiés mercredi par l'Agence américaine d'information sur l'Energie (EIA). Lors de la semaine achevée le 9 mars, les réserves commerciales de brut ont augmenté de 5 millions de barils pour s'établir à 430,9 millions, alors que les analystes interrogés par l'agence Bloomberg anticipaient une progression de seulement 2,5 millions de baril. Elles s'inscrivent malgré tout en baisse de 18,4% par rapport à la même époque l'an dernier et restent dans le bas de la fourchette moyenne pour cette période de l'année. Egalement scrutés puisqu'ils servent de référence à la cotation du pétrole à New York, les stocks de brut WTI du terminal de Cushing (Oklahoma, sud) ont progressé de 300 000 barils à 28,5 millions, repartant ainsi à la hausse après avoir diminué d'environ 20 millions de barils depuis le début de l'année. Les réserves d'essence ont de leur côté chuté de 6,3 millions de barils, là où les analystes anticipaient un repli de seulement 1,1 million. Elles sont en recul de 0,6% par rapport à leur niveau d'il y a un an mais se maintiennent dans la partie haute de la fourchette moyenne pour cette période de l'année. Les stocks d'autres produits distillés (fioul de chauffage et gazole) ont également fortement régressé, de 4,4 millions de barils, alors qu'une diminution de 1,7 million de barils était prévue. Ils sont en repli de 15,4% par rapport à leur niveau à la même époque en 2017 et descendent dans la partie basse de la fourchette moyenne pour cette période de l'année.
Production toujours plus importante Cette hausse des réserves de brut et cette baisse des stocks d'essence et d'autres produits distillés n'est a priori pas le fait d'un ralentissement de la cadence des raffineries, qui ont fonctionné à 90% de leurs capacités contre 88% la semaine précédente. La production de brut, déjà à un niveau inédit, a pour sa part poursuivi sa hausse, les Etats-Unis extrayant en moyenne 10,38 millions de barils par jour (mbj) contre 10,37 mbj la semaine précédente. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a dans son rapport mensuel mercredi de nouveau revu à la hausse sa prévision de production de pétrole pour 2018 aux Etats-Unis, où les réserves de pétrole de schiste abondent. Les exportations américaines se sont stabilisées, à 1,49 mbj, tandis que les importations ont reculé, à 7,6 mbj contre 8 mbj une semaine auparavant. Les Etats-Unis ont au total consommé en moyenne 20,4 mbj de produits raffinés au cours des quatre dernières semaines, une progression de 3,2% par rapport à la même période de l'an dernier. La demande d'essence a augmenté de 2,5% et celle des autres produits distillés, a reculé de 4,2%. Après avoir fortement oscillé juste après la diffusion du rapport, le prix du pétrole américain s'affichait en baisse vers 15H00 GMT, le baril de WTI pour livraison en avril perdant 11 cents à 60,60 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).