L'Organisation internationale des institutions supérieures de contrôle des finances publiques est une entité mondiale d'affiliation des cours d'audit gouvernementale. Ses membres sont les directeurs des institutions de contrôle de toutes les nations. L'Intosai a été fondée en 1953 à La Havane, Cuba. Dans cette interview que nous a accordée, Freddy Yves Ndjemba, cadre supérieur et chef de projet à l'Initiative de développement de l'Intosai (IDI), il est question de l'indépendance des ISC en Afrique, a priori. Ce jeune expert africain, dissèque pour nous cette difficulté de tout un continent à redonner vie aux ISC et à leur restituer les attributions originelles qui leur siéent. Mais, il nous parle aussi de cette dynamique naissante visant à réhabiliter ce domaine et à le valoriser. Ecoutons ce qu'il a à nous dire. L'Expression: C'est quoi l'Intosai et quelles sont les missions qu'elle s'assigne en tant qu'institution internationale à charge des questions de contrôle des deniers publics? Freddy Yves Ndjemba: L'Intosai est, en réalité, une organisation internationale des institutions supérieures de contrôle des finances publiques. C'est-à-dire que c'est l'organisation faîtière qui regroupe toutes les Cours des comptes à l'échelle mondiale. Cette organisation mondiale a également des démembrements régionaux, et l'Afrosai qui a organisé la réunion ici à Alger, est le démembrement africain. Quelle est votre position au niveau de l'Intosai? Au niveau de la structure faîtière, je m'occupe de tout ce qui a trait à l'indépendance et au renforcement institutionnel des structures de contrôle. Donc, c'est en tant qu'expert de la structure faîtière que je viens participer à cette réunion, pour faciliter les discussions. Selon vous, quel est l'état des lieux à dresser, aujourd'hui, en matière d'indépendance des institutions supérieures de contrôle des finances (ISC) en Afrique? Il y a un état des lieux qui reste à faire et il y a aussi un état des lieux qui a été fait. Cela ne vous surprendra peut-être pas, mais en Afrique, on rencontre beaucoup de difficultés, en termes de renforcement institutionnel d'indépendance. Mais, en même temps, on sent qu'il y a une dynamique, parce que des questions doivent être également corrélées à d'autres questions, comme celles de la gouvernance. Là, on sent qu'il y a une dynamique dans le sens d'une prise en ligne de compte et aussi une volonté d'amélioration, et je pense que les travaux du groupe de travail ici à Alger, participent de cette logique. Les conclusions de ce groupe de travail et ceux de l'Intosai ont-ils valeur d'obligation ou de simples recommandations, laissées à l'appréciation de chacun des pays membres de l'Afrosai, dans le cas présent? C'est une très bonne question. Il faut dire qu'il y a des engagements qui sont, un peu coercitifs et d'autres qui sont, plutôt, dans le domaine des bonnes pratiques. Mais ce que nous voyons, aujourd'hui, c'est que les Etats sont très sensibles à leurs réputations et à leurs perceptions. Donc, même s'il n'y a pas un élément coercitif direct, le fait que cela puisse impacter la perception et la réputation de l'Etat, renforce les capacités d'adhésion à ces bonnes pratiques, d'indépendance, de renforcement institutionnel et d'autonomie. L'Intosai prodigue-t-elle des programmes de mises à niveau et de renforcement des capacités institutionnelles des ISC, en Afrique? Effectivement, il y a beaucoup de programmes dans ce sens. Justement, l'idée étant de voir comment contextualiser ces programmes, parce qu'en réalité, les questions que l'on retrouve, aujourd'hui, pour les structures de contrôle sont des questions qui se posent pour l'ensemble des structures autonomes. On parlera également des structures des droits de l'homme et toutes ces structures qui, en réalité, doivent servir de contre-pouvoir. Donc, il y a des programmes dans ce sens qui permettent de regrouper tout le monde.