Au Mali, les tensions sont multiples et les défis aussi pressants. Dans la nuit de lundi à mardi, une nouvelle attaque est intervenue dans le nord du pays, où cinq soldats ont été tués et 11 autres portés disparus. Cela s'est passé lors d'une nouvelle attaque, la quatrième en quelques jours, menée par les membres d'une coalition de groupes armés d'obédience touareg. C'est ce qu'a indiqué l'armée malienne dans un communiqué sur les réseaux sociaux, précisant qu'un avion a été perdu, mais qu'une trentaine de «terroristes» ont été neutralisés durant les combats intervenus dans la localité de Léré. La Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), le mouvement composé de groupes armés touareg, a quant à elle revendiqué l'opération au cours de laquelle deux camps militaires auraient été pris momentanément, à quelques encablures de la ville-clé de Tombouctou. Les assaillants se seraient repliés au bout de quelques heures mais l'armée malienne assure qu'ils ont été chassés avec l'arrivée de renforts appuyés par l'aviation. Quelle que soit la véritable situation, une chose est sûre. Le Mali, déjà confronté à une montée en puissance continuelle du terrorisme dont les adeptes ont proliféré au-delà des frontières pour gagner le Burkina Faso et le Niger voisin, voire menacer d'autres pays d'Afrique de l'Ouest comme la Côte d'Ivoire, est désormais sur la corde raide. On voit mal comment il pourrait s'en sortir au cas où l'Accord de paix issu du processus d'Alger viendrait à s'estomper face aux coups de boutoirs des uns et aux lenteurs des autres alors que le peuple malien n'aspire qu'à une chose et une seule, la paix et la sécurité. Les exactions, perpétrées plusieurs fois par semaine et dans différentes régions du Sahel, par le Groupe de soutien à l'Islam et aux musulmans (GSIM ou JNIM en arabe), affilié à Al-Qaïda, ainsi que par son rival proche de Daesh, l'EIGS sont autant de coups portés à la stabilité de toute une zone subsaharienne qui n'a nul besoin de se retrouver face à une nouvelle flambée de violences. La résurgence des attaques de groupes armés de la CMA vient, en effet, aggraver la menace déjà portée par les groupes terroristes, après plusieurs mois de vives tensions dans la région nord du Mali. Quels que soient les motifs de cette dérive, dont les observateurs européens soulignent avec insistance qu'elle intervient au lendemain du retrait contraint et forcé de la force française Barkhane et de la force onusienne Minusma, poussées vers la sortie par les autorités de la transition au Mali, notamment, il est plus que nécessaire de remettre sur la table les dispositions relatives à l'Accord de paix issu du processus d'Alger auquel se sont engagés les parties prenantes de cette nouvelle crise.