La situation sécuritaire au Mali est au plus mal, et la tentative d'enlèvement, samedi, d'un préfet, dans un contexte de blocage de la mise en œuvre de l'accord de paix et de réconciliation, issu du processus d'Alger, ainsi que l'assassinat de cinq agents travaillant dans les télécoms confirment les inquiétudes sur le danger qui guette ce pays et ses voisins du Sahel. En effet, le ciblage d'un représentant de l'Etat est devenu monnaie courante dans le très instable Nord-Mali, où les groupes terroristes sèment la terreur, en dépit d'une forte présence des forces armées maliennes, des forces françaises de l'opération Barkhane et des troupes de la Minusma, toutes des cibles des groupes islamistes, mais aussi des bandits et autres groupes armés qui opèrent dans ce pays, en faveur d'intérêts étrangers. Ainsi, samedi, des individus, non encore identifiés, se sont attaqués au convoi du préfet de Mourdhia, situé dans le cercle de Nara, en lui tendant une embuscade non loin de la ville, a rapporté la presse malienne qui a fait état de plusieurs blessés. Le préfet aurait été touché à la cheville dans l'échange de tirs qui a duré plusieurs heures, selon des sources locales. "Cette attaque serait l'œuvre d'éléments proches du prêcheur radical Amadou Koufa, fondateur de la Katiba d'Ançar Dine du Macina, membre du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (JNIM)", a indiqué une source sécuritaire sous le couvert de l'anonymat. L'attaque de samedi est la dernière d'une série d'embuscades qui ont visé d'autres responsables maliens, dont celle d'octobre dernier qui a pris pour cible le convoi du président de la haute cour de justice, Abderrahmane Niang, dans la même zone de Nara. Durant le même mois d'octobre, un commandant de brigade de la gendarmerie de Guiré a été enlevé par des hommes armés non identifiés, mais qui seraient liés, eux aussi, à la mouvance terroriste du JNIM qui, le 24 septembre dernier, a réussi à contrôler la localité de Mourdhia pendant plusieurs heures. Avant de se retirer de cette ville, ils ont pris le temps de saccager de nombreux bâtiments administratifs. Par ailleurs, l'instabilité sécuritaire dans le nord du Mali est aggravée, en partie, par la prolifération des meurtres liés au banditisme, comme cela était le cas, durant le week-end à Léré, où cinq corps d'agents d'une société spécialisée en télécommunications ont été découvert dans cette ville relevant du cercle de Niafunké, a rapporté hier la presse locale. Les victimes, trois Maliens, un Burkinabé et un Togolais, ont été tuées par balles et dépouillées de leurs affaires personnelles et leurs véhicules emportés par les tueurs. Loin d'être de banals faits divers, ces attaques sont le résultat d'une situation sécuritaire qui se dégrade de jour en jour, ce pourquoi la communauté internationale, les pays européens et les pays de la région ont multiplié la pression sur les acteurs politiques, tribaux et militaires maliens pour trouver un terrain d'entente pour accélérer la mise en œuvre de l'accord d'Alger et rétablir la sécurité dans le nord du Mali, transformé depuis 2012 en zone de repli des groupes terroristes qui agissent aujourd'hui dans tout le Sahel et en Afrique de l'Ouest. Lyès Menacer