Il semblerait que le dossier des énergies renouvelables et, a priori, celui de l'électricité photovoltaïque, soit frappé d'une malédiction qui ne dit pas son nom. Près de trois mois après l'ouverture des plis de l'appel d'offres national et international lancé par Sonelgaz pour la production de 2000 MW d'électricité solaire, les choses ne semblent pas connaître de réelles avancées. Les responsables à charge du dossier semblent prendre tout leur temps pour entamer les démarches suivantes, en vue d'un lancement réel de la machine sur le terrain. Pour le moment, c'est le silence radio total qui entoure ce dossier crucial, qui a pourtant connu assez de retard. Il est vrai que l'examen de l'étude technique doit être réalisé par des commissions spécialisées, et les offres techniques par une commission spécialisée. Or, force est de constater qu'aucune information n'a filtré au sujet de l'installation de ces commissions et l'état d'avancement de leurs travaux. Sur un autre registre, il convient de rappeler, la déclaration du ministre de l'Energie Mohamed Arkab, qui avait précisé en juillet dernier, en marge des travaux de l'annonce des ouvertures des plis des appels d'offres à El Aurassi, que «le projet Solar 1 000 de la société Shaems verra, en septembre, l'ouverture des plis» et que «le cahier des charges pour la réalisation de ce projet exige un taux d'intégration nationale de 35% au minimum». Pour sa part, Boukhalfa Yaïci avait déclaré au sortir d'une réunion avec le ministre de l'Energie le 20 septembre dernier que «2000 MW supplémentaires allaient être lancés en novembre 2023». Depuis 2011, date à laquelle le pays avait lancé son premier programme 15000 MW d'électricité à partir des énergies renouvelables ENR, l'Algérie reste encore en quête de développer son propre modèle énergétique. Le pays qui dispose de potentiels énergétiques photovoltaïques avérés, entres autres sources d'énergies propres, aspire à reprendre sa place de leader dans le continent et, même ailleurs. Le séminaire sur les énergies renouvelables en Algérie qui se tient depuis mardi dernier a été l'occasion pour nombre de spécialistes de soulever des questions relatives aux potentiels existants, mais aussi les contraintes persistantes. «Il y a des filières technologiques dans le solaire où l'Algérie peut être opérationnelle a court terme», insistait un enseignant chercheur à l'Ustbh, en l'occurrence Mohamed Boudour, qui soulignait également l'importance de «capitaliser les expériences acquises depuis une dizaine d'années par les groupes économiques publics mais aussi par les opérateurs privés activant dans les énergies solaires», devait-il insister. Sur ce sujet, il faut noter cette immense évolution de l'expertise algérienne, acquise en dehors de tout cadre institutionnel officiel. Du temps du ministre Ziane, des ingénieurs organisés en association autour de l'énergie solaire avaient été reçus et rassurés quant à leur intégration dans les différents processus de lancement du programme national des ENR. Côté contenu local, les institutions de l'Etat ne sont pas sans savoir que toute une industrie du contenu local avait émergé, en l'absence d'un donneur d'ordre à même de propulser toute cette industrie dans une phase de renaissance. Toute une chaîne de valeurs avait fleuri tout autour du malheureux projet des 1000 MW de Shaems, mais n'a pas pu se développer davantage, faute de lancement réel de projets autour des ENR. Le président du Cluster «Energie solaire», Mehdi Bendimered est revenu, encore une fois, à la charge pour remettre au goût du jour «certaines contraintes à lever pour le développement des ENR avec un taux d'intégration élevé». Entre autres contraintes soulevées, «la nécessité de réduire la fiscalité sur les intrants de panneaux solaires, soumis actuellement à des droits de douane de 15 à 30%», devait-il encore souligner. Autre fait qui renforce la conviction des opérateurs, c'est cet engouement extraordinaire pour le dossier des 2 000 MW, où l'appel d'offres a vu le retrait de 140 cahiers des charges. À l'issue des soumissions, la commission chargée de l'ouverture des plis de l'appel d'offres national et international lancé par Sonelgaz, avait annoncé, le 24 juillet dernier, le choix de 77 offres d'entreprises nationales et étrangères, retenues dans le cadre de ce projet. Parmi les 140 candidats qui ont retiré les cahiers des charges, représentant 20 pays, figuraient 34 entreprises algériennes et 106 sociétés étrangères, dont des chinoises, des turques, des européennes et des américaines.