Des coups de feu ont été tirés près de l'ambassade américaine à Beyrouth, jeudi dernier, sans faire de blessés alors que Washington a démenti des rumeurs persistantes selon lesquelles elle envisage une suspension des aides militaires à l'armée libanaise. Tout cela dans un contexte de marasme politique exacerbé, le Parlement n,e parvenant toujours pas à s'entendre sur la désignation d'un président de la République, presque un an après la fin du mandat de Michel Aoun. Depuis New York où il assiste à la 78ème AG de l'ONU, le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, a de nouveau tiré à boulets rouges sur les factions chrétiennes qui, selon lui, sont les principaux freins de blocage du processus de désignation d'un chef de l'Etat. Mardi dernier, le Quintette en charge du dossier (France, Etats-Unis, Arabie saoudite, Qatar, Egypte) s'est réuni, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York, pour tenter de trouver une sortie de l'impasse dans laquelle se débat le Liban depuis onze mois déjà, tout en mettant l'accent sur le fait qu'il appartient aux dirigeants libanais et à eux seuls de parven,ir à un «consensus» pour en finir avec la crise au moment où le pays connaît un contexte économique alarmant. La France qui avait désigné son ancien ministre des AE, Jean-Yves Le Drian, comme envoyé personnel du président Emmanuel Macron auprès des différentes formations politiques libanaises afin de résoudre l'équation. Paris a dépêché à plusieurs reprises Le Drian à Beyrouth mais sa mission au nom du Quintette peine à trouver une issue, alors que le Liban n'a plus de chef de l'¦Etat depuis le 31 octobre 2022. Il y a une semaine, Le Drian a proposé aux parties de choisir un autre candidat que Sleiman Frangié, soutenu par le Hezbollah et Amal, et Jihad Azour, appuyé par les factions chrétiennes dont le Courant patriotique libre de Michel Aoun. En vain car, avant lui, le président du Parlement, Nabih Berri avait lui aussi essayé en août de promouvoir «un dialogue» durant sept jours. Cependant, à en croire Mikati, le travail de Le Drian comporterait quelques «aspects positifs» sans qu'on puisse dire, pour autant, que la solution est à portée de main. Reste l'initiative du Qatar, également membre du Quintette, et dont les dirigeants veulent entreprendre une mission de bons offices afin de démêler l'imbroglio. Un bémol est à souligner, car le Qatar ne cache pas sa préférence pour la candidature du général Joseph Aoun, commandant en chef de l'armée libanaise et sans lien aucun avec l'ancien président du Liban. Lundi dernier, Joseph Aoun a balayé les rumeurs en affirmant qu'il «ne se soucie pas de la présidentielle et que cela ne le concerne pas». Il n'empêche, le 5 octobre prochain, le MAE qatari, Mohamed al-Khelaïfi, sera à Beyrouth pour proposer la solution envisagée par l'émirat. A l'AG de l'ONU, l'émir du Qatar, Tamim ben Hamad al-Thani, a jugé «regrettable que la souffrance du peuple libanais perdure en raison de calculs politiques» alors que «le danger menace désormais les institutions de l'Etat au Liban».