La première phase de la mission à Beyrouth de l'envoyé spécial du président français Emmanuel Macron, l'ancien MAE Jean-Yves Le Drian, aura laissé les Libanais sur leur faim. «Pour cette première visite, j'ai voulu d'abord écouter. J'ai ainsi rencontré les autorités civiles, religieuses et militaires, ainsi que les représentants de l'ensemble des formations politiques représentées au Parlement. Je rendrai compte de cette mission au président de la République, dès mon retour en France», a ainsi déclaré le diplomate dans un communiqué où il ajoute qu'il compte se rendre «à nouveau à Beyrouth, très rapidement». En effet, il semble que les parties concernées par le choix d'un successeur au président Michel Aoun, dont le mandat a expiré en octobre 2022, sont en attente d' un «dialogue constructif et inclusif afin de parvenir à une solution à la fois consensuelle et efficace pour sortir de la vacance institutionnelle et mettre en place les réformes indispensables au redressement durable du Liban, en concertation avec les pays principaux partenaires du Liban». En clôturant, samedi dernier, la visite de trois jours au pays du Cèdre, Le Drian a fait le point avec le MAE libanais Abdallah Bou Habib sur sa quête diplomatique afin de sortir le Liban de l'impasse dans laquelle il se débat depuis bientôt huit mois. Chargé début juin par le président Macron de cette mission de bons offices, un préalable à l'octroi par le FMI d'un prêt qu'attend désespérément Beyrouth, Le Drian qui compte reprendre les consultations dans un proche avenir montre à quel point il est conscient de la difficulté de la tâche. Aussi n'hésite-t-il pas à souligner que «la solution à la crise doit d'abord venir des Libanais» eux-mêmes. Une évidence qui lui paraît importante à rappeler pour éviter une quelconque ambiguïté, dans un contexte particulièrement instable. La réactivation du processus constitutionnel et exécutif n'est pas une mince affaire et la meilleure preuve en est cette vacance autour de l'élection d'un président capable de mener la barque libanaise hors des tumultes politiques qui caractérisent le pays. Outre des discussions avec plusieurs députés, Le Drian a débattu avec le président du Parlement, Nabih Berri, le Premier ministre sortant Nagib Mikati, le patriarche maronite, Béchara Raï, et des dirigeants politiques et chefs de partis, dont les leaders chrétiens Samir Geagea (Forces libanaises), Gebran Bassil (Courant patriotique libre, CPL), Samy Gemayel (Kataëb), et Sleiman Frangié (Courant des Marada), ce dernier étant le candidat porté par le tandem chiite Hezbollah et Amal et discrètement soutenu par le président français pour des raisons que nous avions déjà indiquées. La visite de Le Drian a eu lieu quelques jours seulement après la douzième tentative du Parlement de choisir entre Sleiman Frangié et Jihad Azour, appuyé par l'opposition et le CPL de Michel Aoun. Il est évident que l'urgence commande, aujourd'hui, de prendre tout le temps nécessaire avant d'aborder une treizième séance électorale.