Le parti refuse de parler de mouvement de redressement. «L'apparition, en ce moment, d'un groupe de contestataires dans le parti, n'est pas innocente. Elle vise à détourner l'ouverture du parti vers la société, à empêcher la capitalisation de notre proximité avec les mouvements sociaux. Elle vise surtout à entretenir les doutes, semer plus de confusion et fausser les représentations politiques en particulier en Kabylie». Cet extrait est tiré du message adressé par M.Hocine Aït Ahmed au secrétariat national du Front des forces socialistes, en réaction au rassemblement tenu par une centaine de militants, jeudi, exigeant le départ de l'actuelle direction du parti. La sentence de Aït Ahmed ne s'est pas fait attendre. Cinq membres du conseil national, et néanmoins élus au niveau des APC d'Alger, de Bouira et de Aïn El Bénian, ont été radiés du parti. D'autres sanctions vont suivre, assure M.Ali Laskri, premier secrétaire national dans une conférence de presse animée, hier, au siège du parti. La sortie de «ce groupe qui active en dehors des instances du FFS» ne semble pas surprendre la direction du parti, encore moins M. Aït Ahmed qui affirme que «les meneurs de cette opération de renversement sont identifiés depuis un certain temps». Le rassemblement de jeudi n'était que la goutte qui a fait déborder le vase. Depuis la démission de M.Bouhadef du secrétariat national, un vent de contestation semble souffler sur la maison FFS. Mais la venue, en novembre 2004, du chef du parti, qui avait assisté à l'installation de M.Ali Laskri à la tête du secrétariat, a permis d'endiguer la crise sans toutefois la gérer définitivement. Le traitement de ce «nouveau feuilleton doit être exemplaire», a insisté Aït Ahmed. Au FFS, on refuse de comparer la contestation interne, aux différents mouvements de redressement qui secouent des partis politiques nationaux, arguant le fait que «le nombre des contestataires est insignifiant». L'enjeu est sans doute le congrès du FFS. Karim Tabou, secrétaire national chargé de la communication, en fait allusion, mais Hocine Aït Ahmed le dit clairement dans son message: «La contestation vise surtout à prendre en otage les 4es assises du parti.» Les scénarios des contestations se suivent et se ressemblent sur l'échiquier politique national. Les congrès sont souvent source de convoitises pour les «mouvements de redressement».Celui du FLN a abouti à la démission de l'ancien secrétaire général, M. Ali Benflis, celui d'El Islah a réussi à geler le congrès prévu pour 2004. Au FFS, la riposte était rapide. Mais la radiation des contestataires va-t-elle permettre au parti d'en finir avec ce feuilleton? Aït Ahmed est-il dans l'oeil du cyclone des élus radiés. Tabou revient sur la conférence nationale d'évaluation pour expliquer les origines de la «crise». «Ces conférences nous ont permis de mettre en place de nouveaux organismes permettant une meilleure fluidité de l'information au niveau interne et au niveau local. Des débats francs ont eu lieu au sein du parti». Evidemment, «ce processus va bousculer les mentalités et les grades aussi. Ce qui n'est pas pour plaire à tout le monde», ajoute-t-il. C'est ce vent de réforme qui semble le plus gêner les élus radiés, selon les conférenciers. «Il est vrai que nous avons quelques dysfonctionnements. Il y a des divergences. Mais au FFS, les choses se règlent autour de la table des débats et non pas en dehors des instances du parti », précise-t-il. Les contestataires sont-ils manipulés par des forces étrangères du parti? «Nous avons remarqué que les méthodes fascistes utilisées par ces derniers ressemblent à celles des archs». Laskri fait cette déclaration, en prenant le soin de préciser que cela ne voudrait en aucun cas dire que ce mouvement est derrière ces agitations. Le FFS n'accuse pas directement le pouvoir, mais souhaite que «les services de renseignement gagneraient à s'intéresser aux nouvelles technologies, au lieu de fabriquer des crises dans leurs laboratoires». De son côté, Aït Ahmed a exhorté ses militants à ne pas «perdre la boussole politique en nous laissant entraîner dans la gestion d'une nouvelle crise». «Il faut, conclut-il, poursuivre l'adaptation du FFS à l'exigence politique d'ouverture».