Fruit des intenses efforts consentis par la présidente du Conseil des ministres Giorgia Meloni, l'engagement annoncé vendredi dernier par l'Union européenne de verser dans les prochains jours 60 millions d'euros au titre du programme de soutien budgétaire ainsi que 67 autres millions d'euros pour le programme de soutien, opérationnel à la lutte contre la migration clandestine donnait à croire que l'entente est au beau fixe entre Bruxelles et Tunis. Dans un entretien téléphonique, le commissaire européen chargé du voisinage et de l'élargissement, Oliver Varhelyi, et le ministre tunisien des Affaires étrangères, Nabil Ammar, avaient même affiché une volonté commune de renforcer le partenariat bilatéral et d'accélérer la mise en oeuvre du protocole d'accord signé par les deux parties en juillet dernier. Mais pour s'assurer de la faisabilité du programme du côté tunisien, l'UE a insisté ces derniers jours sur une «application urgente» dudit mémorandum avec des réunions régulières pour le suivi. Selon l'agence italienne italienne, AnsaMed, qui a fait état de la délivrance du premier paquet de mesures prévues par le mémorandum d'entente conclu entre la Tunisie et l'UE en juillet dernier, à hauteur de 1,2 milliard d'euros, la construction d'une politique bilatérale durable pour le contrôle aux frontières tunisiennes pose de sérieux problèmes de souveraineté. C'est en tout cas ce qui ressort, au regard des autorités tunisiennes, de la toute récente intervention de plusieurs responsables européens parmi lesquels le président français Emmanuel Macron, appelant à l'envoi d' experts sécuritaires de l'UE pour apporter leur concours à la lutte contre les migrants irréguliers dont le nombre a augmenté de manière critique. Propos qui ne sont pas restés sans écho du côté de Carthage où le président Kaïs Saïed, au sortir d'une réunion du Conseil national de sécurité qu'il a présidé lundi soir, a de nouveau averti qu'il n'est pas question pour la Tunisie de renoncer à la souveraineté nationale, sous quelque prétexte que ce soit. Depuis plus d'un an, le prêt de 1,9 milliards de dollars convenu avec le FMI reste bloqué pour cause de rejet des conditions drastiques posées à la Tunisie et voilà que le président tunisien réitère, sans détour, la même position jugée «populiste» et «irréfléchie» par rapport à la crise socio-économique dans laquelle se trouve le pays: «Nous compterons sur nous-mêmes sans renoncer à une seule once de souveraineté tunisienne», a-t-il prévenu fermement. Au sortir du Conseil de sécurité, le MAE tunisien a été chargé d'informer l'UE que la visite de sa délégation attendue les jours prochains à Tunis est finalement reportée à une date ultérieure» qui devra être «convenue par les deux parties». À croire que Giorgia Meloni qui a fait de la baisse des flux de migrants au sud de l'Italie son cheval de bataille électoral devra vite reprendre son bâton de pèlerin pour sauver un mémorandum pas si solide que cela.