S'agit-il d'un crime passionnel ou d'un simple assassinat perpétré au moment où le criminel manquait de sa dose? Vingt-quatre heures après le meurtre de la jeune Manel Keddache, étudiante en 3ème année, spécialité recherche opérationnelle à l'université des sciences et de la technologie de Bab Ezzouar est toujours sous le choc. Mortellement poignardée par son camarade de section, Manel a été inhumée, hier, au cimetière de Ben Aknoun. «On n'a rien pu faire pour elle. Ses blessures étaient si profondes qu'elle a succombé quelque temps après avoir été transférée à l'hôpital Zmirli, à El Harrach » nous raconte, entre deux hoquets, une étudiante, rencontrée hier à l'Usthb. Sur les lieux du drame, juxtaposant le parking de l'université, des gerbes de fleurs sont déposées. Le portrait de la jeune Manel, partie à la fleur de l'âge, est dressé entre lilas, roses et camélias. Sur une feuille de grand format, collée sur le parapet de l'escalier menant à l'amphi, on peut lire les condoléances présentées par le recteur à l'ensemble des étudiants. Sur une autre feuille, celle-ci est de format ordinaire, on porte à la connaissance des étudiants que des bus sont réservés pour ceux qui veulent se rendre à l'enterrement. Les examens programmés pour les journées d'hier et d'aujourd'hui sont annulés. Avant trois jours, tout le monde, ici, savait que les examens du deuxième semestre, programmés pour la journée d'hier n'auront pas lieu à cause de la grève qui paralyse l'université, depuis maintenant quelques jours. Jusque-là, aucun ne se mettait dans la tête qu'on ne rejoindra pas les amphis à cause de l'assassinat de Manel Keddache. Aussi, vingt-quatre heures après ce crime crapuleux, l'on se demande sur les raisons qui ont poussé le meurtrier à perpétrer cet acte ignoble. S'agit-il d'un crime passionnel ou d'un simple assassinat perpétré au moment où le criminel manquait de sa dose? De toutes les manières, ce sont les deux pistes les plus citées. Les rumeurs vont bon train. «Mais il ne faut jamais les confirmer ou les infirmer; car ce n'est que des ouï-dire», souligne le conseiller chargé des associations à l'université de Bab Ezzouar. Dans les cercles estudiantins, d'aucuns écartent la piste du crime passionnel. «Même si beaucoup de langues parlent d'une affaire de coeur et de jalousie, même si toutes les indications permettent de croire en cette option, à savoir que les deux camarades sont dans la même section, il n'en demeure pas moins que d'autres affirment que le meurtrier a des antécédents psychiatriques», déclare un étudiant. D'autres encore indiquent que l'assassin de Manel «est connu pour être accro à la drogue». «Nos étudiants sont malades, à l'ensemble de tous les jeunes algériens» déplore le chargé des associations à l'Usthb. «Rien ne va plus. Le malaise social qui secoue notre pays, dû notamment au chômage, à la crise du logement...a énormément influencé le vécu psychologique de nos étudiants. Ils ne savent plus où donner de la tête», ajoute notre interlocuteur qui n'hésite pas à citer la grève des enseignants du supérieur qui paralyse toujours l'université. Toutefois, le porte-parole des enseignants grévistes, M.Farid Cherbal, refuse catégoriquement à ce qu'on relie ce crime au mouvement de débrayage enclenché depuis quelques jours. « Nous sommes tous touchés par ce drame. Néanmoins, il faut éviter de tomber dans le piège de ce qui veulent exploiter ce crime pour nous «tirer dessus». Il faut chercher les causes de cette tragédie ailleurs et non pas dans notre mouvement de revendications» a souligné M.Cherbal. Celui-ci a fait savoir que les enseignants grévistes maintiennent toujours la réunion des représentants des 19 universités du pays, prévue pour aujourd'hui. Enfin, qui dit vrai quant aux causes de l'assassinat de Manel et qui se trompe? De toutes les manières, les causes de cet acte crapuleux seront connues à l'issue de l'enquête diligentée par la police.