La sécurité alimentaire en Algérie demeure une question vitale, eu égard aux chamboulements planétaires produits par la pandémie sanitaire mondiale, et la crise générée par la guerre en Ukraine. Ceci étant dit, cette question passe, inéluctablement, par une révolution multiforme dans le secteur de l'agriculture, a priori. Néanmoins, ils sont plusieurs secteurs, pourvoyeurs de valeurs et de services corollaires, tout aussi impliqués que le secteur de l'agriculture, à être concernés par cette mue aux fins d'accélérer la cadence des mutations engagées. Au moins trois secteurs sont, aujourd'hui, interpellés ouvertement au sujet des lourdeurs entravant le développement et l'aboutissement des stratégies de sécurité alimentaire. Or, aujourd'hui, pour des raisons inconnues, des lourdeurs continuent de ralentir la cadence de réalisation des projets structurels d'envergure. En plus de l'agriculture, les secteurs de l'énergie et des mines, l'industrie, le commerce et celui des start-up doivent interagir et être proactifs pour apporter leur contribution dans la mise en branle d'une stratégie cohérente, en matière de sécurité alimentaire. Dans ce cadre, il est important de rappeler les orientations express du président de la République, au sujet de l'impératif de promouvoir les industries de transformation, notamment dans l'agroalimentaire, mais aussi et surtout dans le secteur minier. Dans ce cadre précis, l'industrie des engrais et des fertilisants qui a connu de sombres péripéties par le passé, les histoires des lobbies d'importations étant connues, représente un atout majeur dans ce cadre précis. Or, comment expliquer qu'un tel dossier soit frappé de telles lenteurs et immobilisme, les responsables du secteur prenant tout leur temps pour faire aboutir des projets qui datent de 2006 et même avant ? Cela aussi, au moment où le pays continue d'importer certains fertilisants et intrants à des devises fortes. Autre fait déconcertant, c'est ce faible taux d'adhésion de l'agriculture algérienne à l'utilisation et la fiabilité des engrais et fertilisants. Pourtant, il est de notoriété que l'utilisation des engrais assure une augmentation des rendements agricoles. Les deux récentes sorties du ministre de l'Energie et des Mines, Mohamed Arkab à Tlemcen et à Mascara ont remis au goût du jour cette problématique majeure et cruciale pour l'Algérie. À Tlemcen, c'est une usine de production de la Bentonite, un minerai aux applications multiples et variées, qui a été mise en service, avec des perspectives de production annuelle de 120 000 tonnes. Un minerai qui pourvoit le secteur du pétrole, les aciéries et les usines de fer, les cimenteries, et même le secteur des fertilisants pour le compte de l'agriculture et de l'industrie de transformation. À Mascara, deuxième halte du ministre de l'Energie à l'inauguration d'une usine de production de carbonate de calcium située dans la commune d'Oggaz à Sig, avec des réserves estimées à près de 50 millions de tonnes, et une capacité de production annuelle prévue de 100000 tonnes. Plusieurs applications sont étroitement liées au carbonate de calcium, notamment les produits cosmétiques, le papier, les pigments, la construction, l'encre, le caoutchouc et la peinture, ainsi que la sidérurgie et la plasturgie, etc. Selon des experts chevronnés, en plus d'être indispensables dans le processus de sécurité alimentaire, les engrais peuvent constituer une deuxième source de rentrées de devises fortes au profit de l'Algérie. Il y a quelques mois, le groupe Sonatrach par le biais d'Asmidal et Manal, scellait l'union avec les chinois Wuhuan et Tian'an, autour d'un projet de phosphate intégré (PPI). Signé en mars 2022, la pose de la première pierre de ce projet n'interviendra qu'en août 2023. Le développement de la filière des engrais, inscrite au rang de priorité économique, a été parmi les préoccupations majeures du président de la République, d'abord pour ses apports en devises, mais surtout pour la réduction de la facture des importations, ensuite pour la création de la richesse, de la valeur ajoutée et de l'emploi. Il convient de rappeler que l'Algérie produit, annuellement, une valeur de 7 millions de tonnes d'engrais en produits finis et semi-finis, apprend-on.