Selon Ould Abbès, «le bilan final de la mise en oeuvre de la Charte sera annoncé dans les trois prochains jours». Le glas a-t-il sonné pour les irréductibles du Gspc, ou au contraire ces derniers auront-ils un délai supplémentaire pour déposer les armes et rejoindre la voie de la paix et de la réconciliation nationale? Des interrogations qui reviennent tel un leitmotiv sur les langues des Algériens, allant même jusqu'à alimenter les débats politiques les plus passionnés. Cependant, six mois de mise en oeuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale ont-il suffi pour convaincre les groupes terroristes récalcitrants du bien-fondé de cette démarche, approuvée à une écrasante majorité par le peuple algérien? Par ailleurs, serait-ce les lenteurs bureaucratiques dans la mise en oeuvre des dispositions de l'ordonnance du 27 février 2005 qui sont à l'origine des réticences des dernières poches terroristes à rejoindre la société? Même si, depuis la mise en oeuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, 2200 personnes, détenues pour terrorisme, ont été libérées, des dizaines de terroristes se sont repentis et des centaines de familles victimes du terrorisme indemnisées. Ce qui ne veut pas dire que l'idéal a été atteint. Loin s'en faut, puisque des voix continuent de s'élever contre ce qu'on appelle les entraves à la mise en oeuvre des textes d'application de la charte. Familles des victimes et classe politique sont unanimes à considérer que quelque chose ne tourne pas rond dans les mécanismes de mise en oeuvre, à commencer par les lenteurs bureaucratiques, l'attitude de certains magistrats qui seraient à l'origine de ces retards dans le traitement de milliers de dossiers qui continuent à hiberner dans les différentes juridictions. Au point où des sources sûres avaient confié à notre journal que le chef de l'Etat prendrait dans les tout prochains jours des mesures «additives» aux textes déjà existants. De leur côté, les partis politiques appréhendent chacun à sa façon, le délai de mise en oeuvre de la charte. Le secrétaire général du parti du Front de libération nationale, Abdelaziz Belkhadem, a affirmé lors de l'université d'été de son parti, du 22 au 25 août à Béjaïa que son parti «ne voit aucun inconvénient à la prorogation du délai d'application de la Charte pour la paix». Avant d'ajouter que cette décision relevait des prérogatives du président de la République. Pour sa part, le Mouvement de la société pour la paix a affirmé par la voix de son président, Boudjerra Soltani, «la nécessité de respecter les délais d'application» tout en précisant que cela «ne signifie point la fermeture des portes devant ceux qui veulent se rendre». Quant au Rassemblement national démocratique, qui s'est gardé de prendre position, il estime par la voix de son porte-parole qu'il se rangerait à la décision du chef de l'Etat. Il convient de rappeler que le Parti des travailleurs a été le premier à avoir fait état «de nombreux cas d´exclusion, de manipulation, voire même de hogra» dans la mise en oeuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Le parti a, en effet, appelé le chef de l'Etat «à user de ses prérogatives pour ordonner toute mesure préservant les chances du retour effectif à la paix durable, y compris la prorogation du délai d´expiration de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale». En somme, la prorogation ou non des délais de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale est du seul ressort du président, qui, en vertu du mandat qui lui est conféré par le référendum du 29 septembre 2005, conformément aux pouvoirs qui lui sont dévolus par la Constitution, peut à tout moment prendre toutes autres mesures requises pour la mise en oeuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. C'est ce qui est clairement stipulé dans l'article 47 de l'ordonnance No 6-01 du 27 février 2005 portant mise en oeuvre de la charte. Pour le moment, aucun bilan de la mise en oeuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale n'a encore été rendu public. Intervenant, hier, en marge d'une cérémonie d'installation de la Commission nationale de préparation de l'opération «Solidarité Ramadan 2006», le ministre a précisé que, «le bilan final de la mise en oeuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale sera annoncé dans les trois prochains jours». Autrement dit cette information sera donnée mercredi prochain ou au courant du week-end. D'aucuns avancent que ledit bilan sera rendu public au cours d'un conseil des ministres qui se tiendrait le 2 septembre prochain. Une occasion pour le chef de l'Etat de trancher. Soit il s'en tient au délai initialement annoncé soit il usera des prérogatives que lui confère la loi fondamentale et l'article 47 de l'ordonnance du 27 février 2005.