Réuni, hier, par le chef de l'Etat, le Conseil des ministres a planché sur l'approvisionnement et la distribution des produits de large consommation. Il y a lieu de souligner d'ores et déjà les efforts déployés par l'Etat pour lutter contre les comportements spéculatifs. Il est aussi établi que l'inflation est un phénomène mondial qui touche toutes les sociétés même les plus développées. La Turquie, le Brésil et l'Argentine, pour ne citer que ces pays, subissent une inflation à deux chiffres. Il est clair que l'Exécutif connaît parfaitement l'état des stocks, des circuits commerciaux et des résultats du déploiement sur le terrain des équipes des directions du Commerce au niveau des wilayas, dont la principale mission a consisté en la verbalisation des commerçants spéculateurs. Il faut dire que cette présence forte et persistante des agents de contrôle au plus près des commerçants n'a pas empêché l'envolée des prix des légumes secs. C'est dire l'interrogation légitime, d'ailleurs exprimée par le président de la République. Rappelons que Abdelmadjid Tebboune a été le premier responsable à alerter sur les tensions qui commençaient à apparaître au cœur de l'été pour des produits, pourtant hivernaux. La problématique de la commercialisation des légumes secs est posée en ce moment précisément, alors qu'il n'y a pas si longtemps, la question n'était pas évoquée et n'effleurait même pas l'esprit des consommateurs, tellement l'abondance était la règle. L'exposé du ministre a donc apporté quelques éléments de réponse aux questions que se posent encore les consommateurs, sachant que jusqu'à hier, les légumes secs demeuraient encore difficiles à trouver dans les épiceries à des prix parfois indécents. Les observateurs font le même constat pour les viandes rouges et blanches, qui ont été concernées par des décisions d'importations massives. Le ministère de l'Agriculture a autorisé des opérateurs privées à importer ces viandes en quantités suffisantes, jusqu'à agir efficacement sur les prix, le temps que la production nationale parvienne à un niveau qui lui permettrait de satisfaire la demande des consommateurs. Mais compte tenu de l'absence de l'Algérie durant quatre longues années sur le marché international des viandes rouges et plus d'une trentaine d'années des viandes blanches, les importateurs nationaux appréhendent la réaction du marché, qui risque de connaître une hausse, sachant la hausse de la demande suscitée par le retour de l'Algérie. Pour ces produits comme pour d'autres, le défi ne sera pas facile à relever, en raison notamment de l'inflation que connaissent pas mal de marchandises liées à l'alimentation humaine. L'Algérie n'étant pas réellement positionnée sur ces marchés, l'apprentissage ne se fera certainement pas de manière instantanée. Des sources proches des professionnels de l'agroalimentaire qui cumulent une longue expérience dans les marchés internationaux évoquent des codes, des pratiques et des réseaux indispensables pour réussir des achats à moindre coût qui ont été perdus et qu'il va falloir reconstituer. Il reste que même si l'option de rouvrir la porte du marché national aux produits étrangers est retenue, il est essentiel de poursuivre le soutien de la production nationale, censée remplacer à terme ces importations pour développer les exportations de ces mêmes produits. À ce propos, le Conseil des ministres a décidé de céder gratuitement les engrais et les semences aux agriculteurs victimes de la sécheresse. Dans plusieurs filières, le pays est passé du statut d'importateur net à producteur, puis exportateur. La biscuiterie et l'industrie limonadière témoignent de succès avérés. Cela pour dire que la crise qui touche actuellement les viandes et les légumes secs n'est pas une fatalité. Ces filières ont déjà démontré dans un passé récent d'intéressantes capacités de production. Pour les légumes secs, les derniers chiffres de la production sont même encourageants, de même que pour les viandes blanches.