La semaine dernière aura été riche en chiffres économiques. Des chiffres ayant trait au commerce extérieur, au monde de la PME, à l'inflation et à l'affaire Sonatrach. Cependant, ces chiffres qui reflètent la réalité économique du pays sont passés inaperçus. Ils ont échappé aux commentaires de la presse préoccupée beaucoup plus par l'actualité sportive marquée par la Coupe d'Afrique des nations de football (CAN) et tout ce qu'elle a engendré comme débats sur la scène nationale. Un retour sur ces chiffres est toujours utile, du moins pour mettre le doigt sur ce qui ne va pas. Et là, les points qui ne vont pas sont nombreux et même inquiétants. C'est le cas pour l'inflation. Ce n'est pas le taux d'inflation global de 5,7% pour 2009 qui suscite des interrogations et des inquiétudes, mais c'est plutôt la hausse drastique des prix des produits à la consommation durant cette période. Selon l'Office national des statistiques (ONS), ce sont les produits agricoles frais avec une variation de 20,54%, les légumes frais (20,14%), les poissons frais (19,81%), la viande de bœuf, (19%) la viande de mouton (26,96%) et, enfin, les œufs (18,36%) dont les prix ont vraiment galopé durant cette année. Si pour les poissons, les œufs et les viandes, la hausse des prix est devenue courante, même si les explications données sont loin de satisfaire le consommateur, pour les produits agricoles frais, particulièrement les légumes, beaucoup de points sont à éclaircir. L'on se souvient que l'année agricole 2008-2009 n'a pas été avare en production. Au contraire, c'était l'année des bonnes récoltes même si des épisodes difficiles ont marqué certaines filières, à l'image de la pomme de terre. Qu'est ce qui explique alors cette hausse vertigineuse des prix ? Une hausse qui ne fait qu'enfoncer davantage le pouvoir d'achat des citoyens. La réponse à une telle question semble claire. La spéculation a continué à sévir en 2009. Ce phénomène a encore de beaux jours à vivre sur le marché. Et ce, en attendant une application stricte de la décision de plafonner les prix comme annoncé par le ministre du Commerce Hachemi Djaaboub. Il faut dire que l'ouverture du marché sans mise en place d'outils de régulation efficaces a fini par montrer ses limites. C'est le cas pour le commerce extérieur. Ce qui nous amène à revenir sur un autre chiffre, celui des exportations algériennes en direction des pays arabes. A ce niveau, les résultats sont également lamentables. L'Algérie a perdu sur toute la ligne. En l'espace d'une année d'application de l'accord de la zone arabe de libre-échange, l'Algérie a vu ses importations augmenter dans le cadre dudit accord de 46,6% et ses exportation chuter de 50%, la douane a enregistré un manque à gagner en droits de douane résultant de l'octroi des avantages préférentiels aux marchandises des pays de 10,4 milliards de DA. Cela pour dire que l'accord est loin d'être bénéfique à l'économie puisqu'il a profité beaucoup plus aux partenaires arabes de l'Algérie. Ce n'est qu'une année après, c'est-à-dire au mois de janvier 2010, que le gouvernement décide de sévir en établissant une liste négative de produits, 1 100 au total, à interdire à l'importation de Zale pour une durée de 3 à 4 années, afin de protéger certaines filières de production. Pourquoi ne pas l'avoir fait avant l'application de l'accord pour éviter une concurrence déloyale à une production nationale déjà fragilisée par d'autres facteurs ? Comme à chaque fois, on a mis la charrue avant les bœufs. S. I.