Linda Saâd-el-Oud présidait, il y a plus d'une douzaine d'années, aux destinées de la section correctionnelle du tribunal de Boudouaou (Cour de Boumerdès), les choses allaient au mieux: aujourd'hui, elle est avocate, et une excellente avocate! Magistrate du siège, elle se chargeait de remettre de l'ordre dans la salle d'audience. Elle n'était jamais pressée d'entendre un prévenu lourdaud, indocile, et parfois, rebelle. Elle faisait preuve d'une formidable intelligence, et d'un sens aigu d'équité, à toute épreuve! Un matin, elle cria sa colère plus que légitime à l' encontre d'un inculpé-détenu pour commercialisation de came, qui ne voulait visiblement pas être entendu. Alors, à chaque audience, il ramenait un nouvel avocat qui s'avançait de la magistrate, et demandait un report, pour étudier le dossier. Mais, à la quatrième tentative, elle avait feint un «assez de jouer», avant de s'écrier:»Allons, allons, ne profitez pas de ma gentillesse!» Saad-el-Oud s'est étonnée du fait qu'à chaque audience, un nouvel avocat se présentait pour se dé- constituer et laisser sa place à un autre conseil. Le nouvel avocat s'approcha de la juge et marmonna: «Madame la présidente, je vous prie de m'excuser, mais le confrère a jeté l'éponge et donc, je le remplace. Par conséquent, je demande un renvoi! Le temps pour moi, de parcourir le dossier et...» -Je veux bien vous croire, mais la dernière fois les mêmes propos mm'ont été tenus par Me Hamza Khamis, Me Nassima Aïd, Me Mouhouche et Me Med Khellef. Je suis tolérante, certes, mais je ne veux pas que l'on me prenne pour ce que je ne serai jamais! Qu'on se le dise: c'est le dernier renvoi!»martela-t-elle.