L'artiste plasticien algérien Farès Yessad (Serdas) a effectué récemment une résidence à Barcelone du 3 au 14 octobre dans le cadre d'un événement spécial, celui d'une exposition, baptisée «La possibilité de ne pas avoir été. Sept interférences décoloniales». Serdas a créé une installation murale intitulée «Abstraction». À la veille des Jeux africains de 1978, les autorités algériennes demandent au sculpteur M'hamed Issiakhem de redessiner une statue coloniale. L'artiste a choisi de l'enfermer dans une autre sculpture, ou plutôt une forme en plâtre blanc, dans laquelle deux mains brisent une chaîne et apparaissent le visage en relief d'un soldat du FLN. La sculpture cachée est Le Pavois en hommage aux soldats nord-africains et français de la Grande Guerre, de Paul Landowski. «Le fait de cacher la statue est un effacement d'une mémoire, celle de la France coloniale et de la Première Guerre mondiale, pour révéler celle de la révolution algérienne. Le fait de cacher la statue, c'est effacer une mémoire, celle de la France coloniale et de la Première Guerre mondiale, pour révéler celle de la révolution algérienne. Entre statues commémoratives et socles vides qui constituent une mémoire globale de la colonisation et de l'esclavage, notre projet s'intéresse à la forme impersonnelle qu'auraient pu prendre les statues dans l'espace public si l'Europe, en tant que projet civilisateur, n'avait jamais existé...» fait savoir l'artiste qui a pris part à un événement artistique organisé en Espagne et qui englobe la création collective «Polysémies du silence» et les interventions murales de Teo Vázquez et Fares Yessad (Serdas). «La polysémie du silence voyage à travers les multiples significations, convergentes et divergentes, que l'on peut attribuer au silence. Il peut être compris comme une catégorie philosophique, comme un état d'âme, comme un lieu où il est possible de voyager et de trouver des vérités ou des visions différentes, comme un outil politique, comme une imposition des pouvoirs institués, comme la complicité inerte qui peut supporter «la cruauté et le mal de l'histoire». nous indique le communiqué de presse qui ajoute que «Le silence n'est pas '' bon'' ou ''mauvais'' en soi, mais il dépend des intentions ou des objectifs à partir desquels nous entrons dans cet état. Cela dépend si ce silence est souhaité ou imposé, cela dépend s'il s'agit de silences ou de silence: de voix, de cris, de droits, de paroles.» Aussi, cette proposition d'exposition «aborde de manière critique ces oublis construits et les différentes manières dont le silence opère pour légitimer la domination, ériger l'histoire coloniale comme un discours unique ou privilégier certaines voix sur d'autres dans le récit des migrations.».