Entre une manne pétrolière en constante croissance et une dépendance quasi totale en matières premières, l'économie algérienne «s'équilibre». Le ministre des Finances, Mourad Medelci, prendra part à Singapour aux réunions annuelles du FMI et de la Banque mondiale. Gouverneur de l'Algérie auprès du groupe de la Banque mondiale, M.Medelci participera aux travaux de la réunion du groupe intergouvernemental des vingt-quatre pour les questions monétaires internationales et le développement (G24). Cette rencontre, qui aura lieu ce vendredi intervient dans un contexte économique mondial plutôt favorable, puisque le FMI table sur une croissance autour de 5% pour l'année 2006. M.Medelci, qui présidera la réunion des gouverneurs arabes, qu'il représentera au cours des assemblées annuelles, n'aura pas à rougir des «performances» économiques de l'Algérie. En effet, le taux de croissance du Produit intérieur brut algérien qui est passé de près de 6% en 2004 à 5,1% en 2005, laisse penser que la croissance de l'économie algérienne devrait correspondre au chiffre avancé et prévu par le Fonds monétaire international, pour l'année en cours, grâce notamment, à l'augmentation de la production en hydrocarbures et au cours élevé du prix du baril de pétrole, même si ce dernier est en chute libre actuellement, 65,89 dollars. La croissance est essentiellement soutenue par les recettes pétrolières qui rendent vulnérable l'économie algérienne, particulièrement mono-exportatrice, et quasiment dépendante en matières premières (café, sucre...) dont les niveaux des cours restent relativement élevés et constituent les principaux risques inflationnistes, combinés aux cours que connaissent les produits énergétiques. Le directeur du Fonds monétaire international, M.Rodrigo Rato, dans une conférence de presse aux Etats-Unis, à New York, a fait état d'une croissance économique mondiale forte, de l'ordre de 5% en 2006, surtout dans les grandes zones géographiques, mais il a cependant tempéré quelque peu ses prévisions en mettant en garde contre les risques que représenteraient des prix exagérément élevés des cours des matières premières et en particulier, ceux du baril de pétrole. Les risques de pressions inflationnistes qui ont augmenté, ne se sont pas encore manifestés, mais demeurent la clé des politiques monétaires, selon le directeur général du Fonds monétaire international. L'économie américaine, bien qu'évoluant de manière modérée, devrait contribuer à la croissance mondiale puisqu'elle se dirige vers un rythme plus soutenu, a ajouté le premier responsable du FMI. Les craintes de pénuries ainsi que des conditions climatiques défavorables agissent de façon caractérisée sur le cours des matières premières. C'est ainsi que les cours du café ont terminé la semaine de manière plutôt satisfaisante après avoir atteint leur niveau le plus haut depuis plus de sept ans, en raison d'une météo défavorable aux récoltes au Brésil ainsi qu'à des rumeurs de pénurie de Robusta. Le cours du café Robusta a atteint un nouveau record à Londres, atteignant la barre des 1618 dollars la tonne, il y a tout juste une semaine. Les mauvaises récoltes sont dues à des conditions météorologiques exécrables au Vietnam; ce premier producteur mondial de Robusta devra attendre 2007 pour voir sa production rebondir, la campagne de récolte 2006/2007 commence en octobre. Le cours de l'Arabica a lui par contre, souffert de la spéculation à New York, mais il reste soutenu par le Brésil qui connaît une vague de froid sans précédent. Le Brésil, premier producteur de café, dont les plantations sont en pleine floraison, est cependant préoccupé par des prévisions de sécheresse. Les cours du sucre ont fortement rebondi cette semaine, notamment à Londres, où ils ont repassé la barre des 400 dollars. Les cours étaient tombés à leur plus bas niveau depuis 9 mois la semaine dernière. Le prix du sucre blanc s'est envolé lui jusqu'à atteindre les 422,80 dollars la tonne, gagnant ainsi jusqu'à 3%. Le paradoxe est que si pour les uns la stabilité économique dépend des matières premières et de leurs prix raisonnables, pour d'autres le prix d'un baril de pétrole fort est synonyme de croissance économique.