Peu ouverte aux transformations technologiques, la pêche maritime à Béjaïa demeure une activité artisanale pratiquée exclusivement par le privé. Sa flottille mouillant à longueur d'année au port comprend une dizaine de chalutiers, et un peu plus de sardiniers et de nombreuses embarcations. Ce sont là les caractéristiques d'une activité dont le moins qu'on puisse dire, est qu'elle représente le parent pauvre du secteur économique. La pêche à Béjaïa s'articule autour de deux axes principaux, la pêche de chalutiers consacrés à la capture de gros poissons qu'on appelle aussi poisson blanc (merlan, rouget...), la pêche de sardiniers qui capturent les poissons qu'on nomme pélagiques ou encore bleus (les anchois, la bonite et la sardine) cette activité se fait dans des territoires très étroits. De l'avis même des professionnels, ils ne dépassent pas les deux kilomètres. Partant de ce constat, il n'est pas étonnant de voir sur le marché le poisson atteindre parfois des prix inimaginables, particulièrement dans les régions montagneuses. Ce produit très prisé, malgré tout, est souvent proposé entre 80 et 100 DA le kilo. Outre le risque de rentrer souvent les mains vides au port, les pêcheurs vous citeront plusieurs problèmes que leur corporation rencontre, la cherté du matériel et les pièces de rechange sont les plus citées. Des contacts que nous avons eus avec les professionnels de la pêche, il ressort un certain malaise qui en dit long sur les rapports qu'entretiennent les pêcheurs d'abord entre eux, puis avec l'entreprise de construction et réparation navales (Ecorep). On vous parlera souvent de «copinage et de magouille» faisant de l'entreprise étatique une structure complètement inopérante. La visite du ministre du secteur au début de l'été, l'année dernière, n'a pas permis aux armateurs d'exposer leurs préoccupations. Ce qui n'a pas manqué d'exacerber les tensions. Pour les armateurs et les marins les vrais problèmes n'ont jamais été soulevés. La situation de la pêche à Béjaïa n'en finit pas de sombrer. Le manque de moyens constaté, la rareté des pièces de rechange sont autant obstacles qui caractérisent un secteur qui, de l'avis général, n'a jamais été une priorité économique ici à Béjaïa. La mise en place de nouvelles infrastructures de base comme un port avec ses abris, une cale de halage et des points de maintenance, un véritable marché du poisson, une flottille moderne capable de brasser des milliers de kilomètres et pourquoi pas une usine de transformation demeurent l'unique moyen d'avoir à Béjaïa une pêche digne de ce nom. Au vu du constat sur le terrain, le poisson à bon marché n'est pas pour demain à Béjaïa. Les citoyens doivent encore attendre avant de voir enfin le poisson à un prix abordable comme autrefois.