Les opérateurs, à qui nous avons rendu visite, persistent et signent. Relevant du domaine privé, la pêche maritime à Béjaïa comprend une dizaine de chalutiers et un peu plus de sardiniers et de nombreuses embarcations constituant le gros de sa flottille dont l'âge varie entre 5 et 25 ans. Ce sont là les particularités d'une activité dont le moins qu'on puisse dire, tardent à prendre son envol en dépit de la volonté des pouvoirs publics qui s'est manifestée par de nombreuses visites ministérielles dans la région qui totalise cinq inspections effectuées successivement par les responsables des départements ministériels de la pêche, de ressources halieutiques et des travaux publics dans l'optique de donner un nouveau souffle à une activité agonisante car manquant aussi bien de moyens matériels que financiers. La dernière visite en date remonte à décembre 2002, mais qui, de l'avis des armateurs, n'a pas permis d'exposer toutes les préoccupations. Les opérateurs, à qui nous avons rendu visite hier, persistent et signent: «Les vrais problèmes n'ont jamais été soulevés.» Peu ouverte aux mutations technologiques et circonscrite dans un territoire très rétréci, la pêche se voit réduite à Béjaïa à sa plus simple expression, d'où la cherté du poisson. Il arrive ainsi souvent que le poisson soit vendu à un prix plus bas à Sétif. Les risques de rentrer bredouilles au port, la cherté du matériel et de ses pièces de rechange sont autant de problèmes qui s'ajoutent à ceux relevant des relations entre les opérateurs eux-mêmes et la tutelle. La mise en place de nouvelles infrastructures de base comme un port avec toutes ses commodités, un véritable marché de poisson, une flottille moderne et probablement une usine de transformation du poisson sont autant de revendications urgentes afin de donner vie à l'activité de la pêche à Béjaïa. A la direction de la pêche de la wilaya de Béjaïa, l'optimisme est de rigueur. L'aménagement d'un port de pêche pour un montant d'un milliard de dinars, l'inscription d'une étude pour la réalisation d'un port régional de pêche et de plaisance d'une capacité de 150 unités à Tala Guilef et d'un abri de pêche d'une capacité de 80 unités à Beni Ksila (encore au stade d'étude) et d'autres aides aux bénéficiaires dans la cadre de la relance économique, attribution d'aides matériels (don du ministère de la Solidarité) de 30.000.000 DA à 100 bénéficiaires sont autant de décisions qui, s'ils traduisent une volonté de développer le secteur, n'apportent pour l'heure aucune amélioration palpable et ce ne sont pas les consommateurs, encore moins les professionnels du secteur qui nous contrediront. L'enveloppe financière de 150 milliards de centimes accordée pour des investissements dans l'achat du matériel de tous genres et la création de cinq associations, d'une chambre de la pêche et de l'aquaculture en vue de prendre en charge les préoccupations de la corporation sont autant de mérite qui ne se traduisent pour l'heure nullement par la redynamisation souhaitée dans ce secteur. Les pouvoirs publics font, certes, montre d'une volonté claire d'aller dans le sens d'un réaménagement total du secteur, mais force est de constater que sur le terrain, les résultats tardent à venir. Il est alors tout à fait légitime de s'inquiéter car en attendant les fruits de cette relance qui rendra manifestement espoir aussi bien aux pêcheurs qu'aux consommateurs, le marché reste tel qu'on le connaît avant même la création du ministère de la Pêche en 1999. Si de l'avant le contraire se confirmera, alors tant mieux pour tout le monde.