Les Algériens se demandent, d'ores et déjà, de quoi seront faites les soirées ramadhanesques. Le mois sacré de Ramadhan arrive drainant avec lui interrogations et suspicions. En plus du jeûne, les Algériens auront inéluctablement à subir un environnement des plus désagréables. On ne cite pas ici la flambée des prix des produits alimentaires, ni l'impact négatif que cela puisse exercer sur les économies de nos concitoyens - car on s'en est habitué - mais un phénomène bien plus «terrifiant» que cela: il s'agit de l'insécurité. Bien que l'Etat algérien ait déployé un impressionnant dispositif sécuritaire dans la majeure partie du pays, notamment dans la capitale, le nombre d'agressions constaté ça et là ne cesse de monter et d'une façon vertigineuse. On agresse en plein jour, bravant ainsi le regard, souvent craintif, des passants et les éléments de police qui, dans certains cas, ne peuvent, voire ne daignent, même pas bouger le petit doigt. Avec l'approche du mois de jeûne, ce phénomène prendra certainement des proportions alarmantes. Les Algériens se demandent d'ores et déjà de quoi seront faites les soirées ramadhanesques. Faut-il ou non sortir? Car, il faut bien l'avouer, le mois de Ramadhan offre, aussi bien aux individus qu'aux familles algériennes, une occasion en or pour déambuler en ville. Mais, peut-on, toutefois, se hasarder avec les hyènes qui vous surprennent à chaque coin de ruelle? Peut-on s'offrir ces quelques instants de plaisir sans pour autant se faire «déplumer» par la foultitude d'agresseurs, en guenilles, qui pullulent nos villes? L'interrogation est de mise, d'autant que le nombre de réclamations émanant de personnes agressées ne cesse d'augmenter. Déjà, pendant les mois de l'année, il ne se passe pas un jour sans avoir entendu parler, parfois assister à une histoire d'agression. A Alger, il suffit de demander, chacun a quelque chose à vous raconter. A entendre parler, on se dit même que la capitale est devenue le légendaire Far West américain, tellement les attaques contre les citoyens se multiplient jour après jour. «J'ai été agressé par une bande de voyous, vers 19h, dans le quartier populaire de Belcourt, à quelques mètres seulement du siège du ministère du Travail», nous raconte un citoyen. «Les trois assaillants, à défaut de réussir à subtiliser mon sac, m'ont tout de suite passé à tabac» a-t-il ajouté. Mais le comble dans cette affaire, c'est que notre interlocuteur a été agressé alors que deux policiers assistaient de loin, sans pour autant intervenir. Et, soit dit en passant, ce genre de scènes arrive quasi-quotidiennement. Une autre personne, portant en bandoulière son matériel de tournage (cinématographique), a été poignardée juste à proximité de l'hôtel Albert 1er, en plein centre d'Alger. Et là encore, deux policiers assistaient à la scène sans pouvoir faire quoi que ce soit. Dans cette optique, d'aucuns se demandent quelle est l'utilité du déploiement de 10.000 policiers dans la seule capitale, sachant que la sécurité dans cette ville sera renforcée, cette année, par 2 500 agents de l'ordre public. Néanmoins, selon des sources émanant de la wilaya d'Alger, en dépit de ce renfort, le nombre de policiers activant à Alger demeure tout de même insuffisant. En attendant que l'Etat comble ce déficit en sécurité, il est bien utile de rappeler que la répression n'est qu'un palliatif qui ne fera qu'apaiser les retombées d'un phénomène dont on semble ignorer l'origine. Il faut avouer enfin qu'un Etat «policier» n'a jamais enfanté un citoyen policé. Donc le remède est à chercher ailleurs qu'au bout de la matraque d'un agent de police.