Les dernières déclarations du pape Benoît XVI ont soulevé un véritable tollé dans le monde musulman. Les accusations du pape contre l'Islam, résonnent comme un coup de massue et risquent de compromettre le rapprochement interreligieux, estiment plusieurs personnalités et associations religieuses. Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, l'Association des Oulemas musulmans algériens a affiché son grand étonnement et sa vive protestation vis-à-vis des déclarations faites par Benoît XVI. Ladite association s'étonne, par ailleurs, du fait que le Vatican essaie, dans un communiqué, de convaincre les musulmans qu'ils avaient mal interprété les déclarations du pape au moment où les musulmans s'attendaient à des excuses qui mettraient fin au débat. En outre, tout en condamnant ces accusations, l'association appelle «tous les Etats musulmans et arabes à retirer leurs ambassadeurs auprès du Vatican en cas de non présentation d'excuses officielles. L'association fait également appel à tous les peuples musulmans et organisations de la société civile, afin de protester pacifiquement contre toute atteinte à la foi musulmane». Se référant au verset 118 du chapitre Al Imrane qui dit «La haine s'est exprimée par leur voix cependant, ce que dissimule leur coeur est encore pire. Nous vous avons clairement exposé les versets si vous êtes aptes à raisonner» (Coran), l'association appelle toutes les «instances spirituelles et intellectuelles dans le monde afin qu'elles luttent contre toute tentative d'encouragement de la haine et les facteurs de division entre les civilisations». Sur le même ton, l'islamologue algérien, Mustapha Cherif, qui est, entre autres, cofondateur du Groupe d'amitié islamo-chrétien (Gaic), a estimé, jeudi, que les propos de Benoît XVI sur l'Islam devaient être «explicités». Avant de poursuivre que «nombre de musulmans choqués m'ont contacté pour me demander s'il faut s'attendre, dans un proche avenir, à un renforcement de l'alliance entre catholiques conservateurs et évangéliques protestants dans une croisade antimusulmane», a-t-il poursuivi. De son côté, le président du Conseil français du culte musulman (Cfcm), Dalil Boubakeur, a demandé, jeudi, au Vatican «des clarifications» sur les propos du pape. «Nous souhaitons que l'Eglise nous donne très rapidement son opinion et clarifie sa position, afin qu'elle ne confonde pas l'Islam, qui est une religion révélée, et l'islamisme qui n'est plus de la religion mais une idéologie politique», a déclaré le recteur de la Mosquée de Paris. L'association «Al-Irchad oual Islah», a qualifié, à son tour, les déclarations du pape comme une confirmation que «le monde occidental a exprimé maintes fois son désir de déclarer une guerre contre l'Islam et les musulmans». Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) a répliqué aux déclarations du pape par une série de rappels à travers lesquels le parti du défunt cheikh Nahnah, estime que l'Islam est une religion non-violente. «Nous rappelons au pape que les grands crimes commis contre l'humanité à travers l'histoire, tels que l'esclavage, les guerres mondiales, les croisades, le nazisme, le fascisme et l'holocauste, n'ont pas été commis par les musulmans, qui étaient, au contraire, des victimes...». Le même communiqué ajoute que «la violence dont parle le pape, n'est réellement qu'une sorte d'autodéfense. Comme ce fut le cas en Irak, en Palestine et en Afghanistan.» Soulignons, enfin, que quelques mosquées ont consacré les prêches du vendredi à ce sujet.