Les propos tenus interviennent à la veille de la visite de Benoît XVI, en Turquie. Quelle mouche a donc piqué, le souverain pontife, qui, quelques mois après le tollé général soulevé par les caricatures diffamatoires à l'encontre du Prophète (Qsssl) diffusées par un magazine danois, retourne le couteau dans la plaie? En effet, au moment où le dialogue entre les religions doit s'imposer en maître mot, dans un monde rongé par les conflits, voilà que Benoît XVI exhume le dialogue «byzantin», en allant puiser dans les archives du quatorzième siècle. Les «réflexions» du pape, au cours de son voyage en Allemagne, ont suscité des réactions fermes dans les pays musulmans, amenant le Vatican à s'expliquer. «Benoît XVI respecte l´islam mais a "à coeur" de "rejeter les motivations religieuses de la violence», a indiqué jeudi soir le père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican. Pour lui, le souverain pontife «veut cultiver une attitude de respect et de dialogue envers les autres religions et cultures et évidemment, également, envers l´islam». Avant de préciser qu'«il n´était certainement pas dans l´intention du Saint-Père de se livrer à une étude approfondie sur le jihad et sur la pensée musulmane dans ce domaine et encore moins d´offenser la sensibilité des croyants musulmans».Qu'est-ce qui a donc motivé le recours du pape à une citation vieille de quelques siècles pour «sourcer» sa déclaration? D'autant plus que les propos tenus interviennent à la veille de la visite de Benoît XVI, en Turquie. Un pays où une ville comme, soit dit en passant, Istanbul était appelée Constantinople, sous l'empire byzantin. Serait-ce par pure coïncidence si le pape recourt pour appuyer son argumentaire à une citation d'un empereur byzantin, à l'approche de sa visite en Turquie? Pourquoi heurter la sensibilité des musulmans, alors que les déclarations du souverain pontife pourraient compromettre sa visite au pays des Ottomans où des réactions les plus hostiles à la visite du pape ne se sont pas fait attendre? Pour Ankara, les réflexions du pape s´ajoutent à son hostilité déclarée à l´adhésion de la Turquie à l´Union européenne, projet qui devrait contribuer au rapprochement des civilisations chrétienne et musulmane, à l'époque où il était le cardinal Joseph Ratzinger. Le parti turque de la Justice et du Développement est allé loin, en rappelant implicitement l'une des périodes de la vie du pape, qui avait fait partie de la jeunesse hitlérienne. «Le pape qui a prononcé ces propos malheureux est passé dans l´Histoire, mais dans la catégorie d´Hitler et de Mussolini». Il a accusé Benoît XVI d´avoir «une mentalité remontant aux pages sombres du Moyen Age». Par ailleurs, plusieurs associations et organisations religieuses dans les pays arabes et musulmans, ainsi que les capitales occidentales ont demandé au pape de demander des excuses et de retirer ses propos. C'est le cas de l´Organisation de la conférence islamique (OCI) qui a demandé, jeudi, au Vatican de clarifier sa position à l´égard de l´islam, après les propos du pape Benoît XVI sur la religion de Mohamed. L´OCI «espère que cette campagne surprenante ne témoignera pas d´une nouvelle orientation du Vatican à l´égard de la religion musulmane, surtout après des décennies de dialogue entre des représentants du Vatican, des personnalités religieuse chrétiennes et des penseurs du monde musulman depuis le pontificat de Jean-Paul VI», ajoute l´Organisation. Pour sa part, Youssef Al-Qardaoui a appelé le pape à présenter des excuses et s´est demandé si ses propos sur l´islam étaient un prélude à de «nouvelles croisades». Tout en appelant au dialogue, Cheikh Al-Qardaoui demande au pape de «présenter à la nation de l´islam des excuses après le préjudice causé», dans un communiqué.