Très bruyante dans les médias, l'extrême droite a visiblement du mal à trouver un ancrage politico-juridique à l'appui de son discours contre l'Algérie. Le désaveu que son proche allié, la droite «décomplexée», a subi au niveau de l'Assemblée nationale illustre son véritable poids dans un pays quasi totalement aspiré par le lobby sioniste. Ce dernier dicte, à certains responsables, leurs discours et positionnement vis-à-vis de toutes les questions. Il se trouve que parmi les dossiers qui mobilisent ledit lobby, il en est qui engage l'avenir et la stabilité de la France. La relation de ce pays avec l'Algérie en est un forcément. En cultivant la haine de l'Algérie, l'alliance sionisme-extrême droite ne s'acharne pas sur une minorité «gérable», mais sur une population de quelque 6 millions d'âmes qui ont en partage une double culture algérienne et française, un vécu particulier et une opinion on ne peut plus claire sur la place qu'occupe l'Algérie dans le conscient collectif des Franco-Algériens. Il va de soi que l'offensive médiatique, d'une rare violence, de l'extrême droite illustre l'incapacité d'une frange minoritaire de la société française à assumer un passé colonial des plus néfastes. Et c'est cette même «hantise» qui explique l'alliance avec le sionisme international et l'attitude franchement colonialiste qu'adopte Le Pen, Zemmour, Lévy et consorts face au massacre des Palestiniens à Ghaza. La proposition du parti Les Républicains de dénoncer les accords algéro-français de 1968, procède de cette même logique raciste et revancharde qui consiste à massacrer l'autre et ne rien assumer après. Il reste que l'échec de cette alliance sionisme-extrême droite n'est en rien l'aboutissement du travail engagé par l'Algérie pour la reconnaissance du fait colonial, comme un crime contre l'humanité. La vraie mission n'est pas dans les médias ou dans les hémicycles, mais dans une recherche effective de la vérité historique. C'est ce que n'a pas pu empêcher le lobby de l'Algérie-France, malgré ses agitations. Et pour cause, le dialogue mémoriel s'est bel et bien enclenché. Il n'est pas politique et encore moins idéologique, mais scientifique. La Commission conjointe d'historiens algériens et français, Histoire et Mémoire, créée en août de l'année dernière en est le socle. Cette instance, totalement dépolitisée, qui promeut un dialogue sérieux, reposant sur des faits documentés, s'est déjà réuni deux fois et a bien avancé dans ses travaux. Des décisions d'une importance capitale ont déjà été prises dans le cadre de ce dialogue. D'autres rencontres sont prévues en Algérie et en France, dans le courant de l'année prochaine. Les historiens, engagés dans ce processus, se sont promis d'approfondir le débat scientifique. Ils comptent organiser des colloques conjoints au cours de l'année universitaire 2024-2025. Plus que cela, ils envisagent l'ouverture d'un portail électronique commun dédié à la période coloniale (1830-1962). Il semble donc que les présidents Tebboune et Macron ont remporté une victoire commune historique. Il leur avait fallu plusieurs années, des hauts et des bas dans les relations entre les deux pays pour, finalement, réussir à extraire la dimension mémorielle du champ politico-idéologique pour le confier aux spécialistes. La commission mixte d'historiens algériens et français aura donc été la meilleure initiative prise par les deux pays depuis l'indépendance de l'Algérie. Il va de soi que les travaux de cette instance du dialogue algéro-français établira la vérité historique et confondra les partisans des «effets positifs de la colonisation». Ces derniers sentent justement l'initiative leur échapper et leur défaite au Parlement annonce l'effondrement de leur crédibilité auprès de l'opinion française. À terme, celle-ci saura ce qui s'est réellement passé le 17 octobre 1961 à Paris, lors des bombardements au napalm visant des civils en Algérie, pendant les massacres du 8 mai 1945 et les détails des enfûmades à Mostaganem et Laghouat au XIXe siècle. Bien d'autres faits seront révélés par les 2 millions d'archives déclassés.