Il y a 19 ans déjà, s'éteignait, subitement, Lamara Mahamed-Tahar! Dans la nuit du 24 décembre 2004, succombait le procureur général près le parquet de Blida, à la suite d'une hémorragie cérébrale, laissant la famille Tahar Lamara-Mahamed, les magistrats, et le monde judiciaire, dans un deuil dévastateur, et incommensurable. Magistrat hors pair, ce parquetier trapu, ramassé sur un corps d'un gars costaud qui ne cessait de répéter à son entourage que «la justice ne craignait personne», était parti très tôt. Il avait fait comme parquetier, une large partie de l'Est, et sud-ouest du pays, où il a vu le jour, se contentant de veiller à ce que justice soit rendue en faveur du citoyen. Il haussait les épaules lorsqu'on lui évoquait l'indépendance de la justice de la justice: «Ce n'est pas une tarte à avaler! Il faut que le magistrat bâtisse cette indépendance, sur le savoir, la culture de la liberté librement consentie. Et pour cela, il faut qu'il soit bien formé et surtout, cultivé!» Ne cessait- il de le rappeler aux crédules qui osaient évoquer ce «mirage» qui était à l'époque, l'indépendance de la justice, Il ne parlait pas beaucoup devant ceux qui avaient l'esprit carré. Il avait une nette idée de la pseudo-valeur de certains pseudo-magistrats qu'il évitait sur la plante des pieds. Nous l'avions vu à l'oeuvre, surtout à, El Bayadh, Sétif et Blida, où il ne se faisait pas d'illusion... Il est parti au tout début de l'instruction de la célèbre affaire «d'El Khalifa» qui ne se terminera pas comme il l'espérait tant. Vivant, il aurait pu accélérer, et mieux, enfoncer le clou des trafiquants de tous bords, qu'il aurait convoqués pour qu'ils rendent des comptes. Il avait ramené au tribunal de Chéraga, alors relevant de la cour de Blida, outre un « vieux renard» Mehdi Kouchih, nommé comme président du tribunal et deux louveteaux pour l'aider à se débarrasser des «vampires» de l'époque. Le jeune et compétent Hamid Tahir, comme juge d'instruction, et l'ombrageux, Med Abdelli, en qualité de procureur près le tribunal. Un intègre parquetier ramené de Tizi Ouzou. Sa disparition a laissé sur leur faim, tous les assoiffés de justice, qui ne cherchaient que la vérité sur les membres d'une association de malfaiteurs que des tours de passe-passe, ont fait qu'ils échappassent au châtiment prévu par la loi. Il faut savoir que quarante'-huit heures avant qu'il ne succombe à une subite hémorragie cérébrale, le procureur général de Blida, Lamara avait rendu visite, tel un marathon-man, le mercredi 22 décembre 2004, et nous l'accompagnâmes ce jour-là, durant tous ses déplacements, respectivement à deux stations de radio, un journal de la presse écrite, et à la télévision nationale pour parler des grandes lignes de l'instruction qu'il voulait certes longue, fouillée, mais efficace. Le jour de ses funérailles, une pluie dense, et bienfaitrice l'avait accompagné à sa dernière demeure. L'immense foule qui était du dernier voyage, avait saisi le sens de cette bénédiction divine. Ses cousins, ses collègues, ses amis et ses copains ne l'oublierons pas de si tôt, jamais! Dix-neuf années plus tard, ne restaient du brave magistrat, rappelé à Allah si tôt, que sa veuve et ses deux filles, surprises, puis inconsolables, meurtries et déboussolées par le destin, cet impitoyable destin. Il faut seulement souhaiter à Tahar, le bon, qu'il ait été très bien accueilli par l'Eternel, en Son Vaste Eden. À Allah, nous appartenons, à Lui, nous revenons!