Le SG de l'ONU s'est exprimé pour la dernière fois, mardi, devant les chefs d'Etat et de gouvernement. Kofi Annan, qui s'adressait pour la dernière fois, aux gouvernants du monde en tant que secrétaire général des Nations unies -son mandat s'achève le 31 décembre prochain après dix ans à la tête de l'Organisation internationale- a eu droit à une standing ovation à la fin d'un discours qu'il a conclu ainsi «Je cède ma place à d'autres avec un sentiment obstiné d'espoir dans notre avenir commun». Dans son «discours-testament», comme d'aucuns l'ont qualifié, le secrétaire général de l'ONU, s'adressant aux délégations des 192 Etats membres, axa son propos sur le conflit du Proche-Orient - le plus vieux dossier en charge de l'ONU depuis près de 60 ans -. M.Annan, qui a estimé que ce conflit constituait le «plus grand défi» de sécurité du moment, a souligné: «Aucun autre conflit ne contient une telle charge symbolique et émotionnelle parmi des gens parfois très éloignés du champ de bataille». Le secrétaire général de l'ONU a aussi déclaré «tant que les Palestiniens vivront sous occupation, exposés à des frustrations et à des humiliations quotidiennes, et tant que des Israéliens seront déchiquetés par des bombes dans des bus ou des salles de danse, les passions resteront enflammées partout». Il a par, ailleurs, averti que si le Conseil de sécurité n'arrive pas à trouver une solution à ce contentieux de «près de 60 ans en amenant les deux parties à accepter et appliquer ses résolutions», cela conduira à «un déclin du respect» pour l'ONU et «une remise en question de son impartialité». Certes! Il est regrettable, toutefois que M.Annan ait attendu la veille de la fin de sa charge de responsabilité au sein des Nations unies pour dire quelques vérités sur un conflit qui devait, qui aurait dû, trouver son terme par l'application sans entrave des résolutions du Conseil de sécurité. Résolutions jamais appliquées par Israël qui occupe toujours les territoires palestiniens et des parcelles des territoires syriens (Golan) et libanais (Ferme de Chebaa). M.Annan qui, face aux obstructions d'Israël et des Etats-Unis, n'a, à l'évidence, rien pu faire pour résoudre ce contentieux tout au long de ses deux mandats en appelle aujourd'hui à «l'application des résolutions de l'ONU au risque, dit-il, que l'organisation ne soit traitée de partialité. L'ONU a-t-elle été impartiale durant les six dernières décennies lorsque les veto des Etats-Unis n'ont pas permis d'arriver à une solution équitable permettant l'érection d'un Etat palestinien dont l'édification est toujours en stand-by car dépendant du bon vouloir d'Israël et de leur mentor américain?» Aussi, le «testament» de M.Annan aurait, sans doute, gagné en force et en crédibilité si le Secrétaire général de l'ONU avait fait valoir les obstacles dressés au long de ces années par Israël qui empêcha, et empêche sciemment, l'instauration de l'Etat palestinien indépendant à ses côtés. M Annan qui a évoqué également les questions liées aux situations en Afghanistan, en Irak «(...) dont les peuples ont tout autant besoin de nous» a rappelé son premier discours devant l'assemblée générale, il y a dix ans, dans lequel il avait cité «une économie mondiale injuste, les désordres mondiaux et le fréquent mépris des droits de l'Homme» comme les «principaux défis» d'alors, a regretté que «les événements des dix dernières années n'aient pas résolu mais aiguisé ces trois grands défis». «En conséquence, souligne-t-il, nous sommes confrontés à un monde dont les divisions menacent la notion même de communauté internationale, sur laquelle cette institution repose». Prenant la suite du secrétaire général de l'ONU, le président américain, George W.Bush a laissé l'auditoire sur sa fin n'apportant rien de nouveau à une vision du monde sans surprise avec, d'un côté, «le bien», dont à l'évidence il est le héraut, et le «mal» représenté par tous ceux n'entrant pas le cadre que se font les Etats-Unis des relations interétatiques. Sans surprise donc, M.Bush s'est attaqué durement au régime iranien en s'adressant directement au peuple iranien en déclarant que «le principal obstacle entre vous» et un mieux-être, ce sont «vos dirigeants (qui) ont décidé de vous dénier votre liberté et d'utiliser les ressources du pays pour financer le terrorisme, alimenter l'extrémisme et se doter d'armes nucléaires». Ce qui n'apporte rien de nouveau à un débat marqué par les oukases américaines. M.Bush n'a pas également innové sur la question du Proche-Orient mettant en avant un sempiternel «effort diplomatique» que mènerait la secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice, auprès des dirigeants du Proche-Orient pour «relancer le processus de paix» entre Israéliens et Palestiniens, quand il s'agit seulement de faire appliquer par Israël des résolutions en souffrance depuis 1967. S'exprimant après le président américain, le chef de l'Etat iranien, Mahmoud Ahmadinejad, n'a pas été non plus avare envers son «ennemi intime» américain, réitérant notamment le droit de l'Iran à l'énergie nucléaire. Il a répondu au président George W.Bush par une virulente critique envers les Etats-Unis qu'il a accusé de «manipuler l'ONU» «Toutes nos activités nucléaires sont transparentes, pacifiques et sous l'oeil attentif des inspecteurs de l'Aiea», (l'Agence internationale de l'énergie atomique), a affirmé M.Ahmadinejad, qui se demande «pourquoi certains gouvernements s'opposent à ce droit» dénonçant - dans une claire allusion aux Etats-Unis qui ont fait exploser des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki au Japon en 1945 - «ceux qui ont produit des bombes atomiques et ont pour triste bilan de les avoir utilisées contre l'humanité». Notons que les débats au sein de l'Assemblée générale de l'ONU se poursuivront durant une quinzaine de jours.