La grande hantise des services de sécurité demeure celle de savoir que des cellules terroristes actives ont pu s'introduire dans la capitale. Au moins trente et une personnes ont été assassinées par des groupes armés durant ce mois de Ramadhan, c'est-à-dire du 23 septembre au 22 octobre 2006. Particulièrement meurtrier, ce Ramadhan 2006 le fut, d'autant plus que la bombe déposée à Beaulieu devant une caserne militaire et qui a fait sept blessés, dont des officiers, a réellement mis en émoi les services de sécurité. En fait, il s'agissait de la première opération menée à l'intérieur de la capitale depuis fort longtemps. La dernière remonte à l'été 2004, lorsque le nouvel émir, Abou Mossaâb Abdelouadoud avait alors signé son intronisation par l'attentat contre la centrale électrique d'El Hamma, et qui avait plongé la capitale dans l'obscurité pendant près d'une heure. L'attentat le plus spectaculaire a été, sans conteste, l'assassinat sanglant qui avait ciblé un détachement de la garde communale où huit personnes avaient été assassinées. Un autre indice a été relevé par les observateurs de la situation sécuritaire: les opérations qui ont été menées ont ciblé aussi bien l'Est, l'Ouest, le Centre et la capitale. Les attentats ont été menés à travers plusieurs régions du pays, avec une concentration sur Tizi Ouzou, Jijel, Aïn Defla et la capitale, ce qui renseigne sur une certaine concertation au niveau de la direction du groupe salafite, et une OPA totale, opérée par ce groupe sur le «djihad» en Algérie, mettant sous sa coupe la quasi-majorité des autres groupes armés. Cette flambée des actes de violence n'a pas été prévue pourtant. Un apport policier de 25 000 hommes, des rondes de jour comme de nuit, des surveillances policières fixes dans les lieux publics et les centres:névralgiques, comme les gares, les aérogares, les arrêts de bus, les marchés hebdomadaires et des axes routiers les plus fréquentés, mais surtout des caméras de télésurveillance, opérationnelles H24 dans Alger, avaient accompagné le début du mois sacré de Ramadhan et mis Alger sous haute surveillance. Il est de tradition que le mois de Ramadhan soit plus sécurisé que les autres mois, du fait de la recrudescence des actes liés au terrorisme, mais aussi au vol à la sauvette, au brigandage et aux agressions de toutes sortes. Mais cette fois-ci, on sentait que les maillages sécuritaires hyperhermétiques ont été, pour une très large mesure, justifiés par les récentes menaces du Gspc. Appuyée par le renseignement qui travaille en profondeur et tente de débusquer l'information à sa source, et la Gendarmerie nationale qui contrôle les axes routiers menant vers la capitale, la sécurité de la capitale pour le Ramadhan 2006, était à la charge de la police. La menace d'attentat terroriste existant toujours, selon des officiers de la Dgsn. Le patron de la police a reconnu que l'été avait été marqué par une recrudescence des attentats, comparativement aux années précédentes, en marge du lancement du site Web de la police algérienne. Récemment, lors d'un voyage à Tlemcen, Ali Tounsi avait assuré les citoyens que le Ramadhan 2006 sera plus sûr avec un apport en policiers conséquent, et avait estimé que le Gspc est amoindri et ne peut, de ce fait, opérer des attaques d'envergure qui pourraient mettre en péril la sécurité des gens. Le directeur général de la Sûreté nationale, Ali Tounsi, avait déclaré que «la connexion Gspc-Al Qaîda ne fait pas peur aux autorités algériennes». S'exprimant en marge de ses activités à l'ouest du pays, il avait, notamment, souligné que son secteur vise, par la multiplication des infrastructures policières, «une stratégie allant vers le rapprochement du citoyen de sa police par le biais de la police de proximité, outre l'amélioration constante de la prise en charge de la sécurité des personnes et des biens». La seconde mission assignée au plan Ramadhan a trait à la lutte contre la petite délinquance et le banditisme, en très forte augmentation, ces dernières années, en Algérie. Paradoxalement, et l'Algérie n'en manque pas, c'est durant ce mois sacré des musulmans, marqué par trente jours de ferveur, de foi et de piété, que les jeunes sont survoltés et procèdent, par bandes ou individuellement, à de véritables razzias, volant, agressant et allant jusqu'au vol à l'aide d'arme blanche et à l'arme automatique, quand celle-ci est disponible. Le chômage, la précarité et la pauvreté sont, de toute évidence, les principaux motifs de cet acharnement durant le mois sacré. Selon les chiffres officiels concernant l'année 2003, la Sûreté d'Alger a arrêté près de 2000 personnes, pendant le Ramadhan, impliquées, pour la plupart, dans des affaires de vol à la roulotte ou de téléphone portable et de détention d'armes prohibées. Cette année, le bilan d'une seule semaine d'interventions musclées dans la capitale s'était soldé par des arrestations en masse, ce qui avait renseigné sur l'étendue du phénomène de violence en Algérie hors terrorisme.