Les positions prises par M. Soltani n'ont pas fait l'objet de débats à l'intérieur de son parti. Nouvelle crise au sein du Mouvement de société pour la paix, MSP. Les débats autour de l'amnistie générale et du retour des dirigeants de l'ex-FIS à la scène politique divisent les rangs de la direction. Les positions affichées publiquement par M.Boudjerra Soltani sont loin de refléter l'opinion générale qui règne à l'intérieur de cette formation islamiste, c'est du moins ce qu'a laissé entendre le vice-président du MSP, M.Saïdi. «Nous estimons que la question relative à l'amnistie générale est prématurée. Il ne faut pas devancer les événements», atteste-t-il. De l'avis de notre interlocuteur, ce dossier doit être étroitement lié aux résultats du projet de la réconciliation nationale. «Il est impératif de procéder à l'évaluation du processus de la réconciliation nationale, mais aussi de la concorde civile avant de lancer le débat sur l'amnistie générale», appuie-t-il. L'amnistie, à l'heure actuelle, peut constituer un danger pour le pays, pensent les proches collaborateurs de Soltani. Ce dernier n'en mesure-t-il pas les conséquences? Afin d'étayer son avis, Saïdi souligne qu'il faut garder à l'esprit que des groupes armées refusent de renoncer à leurs activités militaires, en dépit des mesures de grâce contenues dans le projet de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. «Com-ment voulez-vous amnistier des personnes qui ont tourné le dos à la main tendue par l'écrasante majorité du peuple algérien», a-t-il défendu. Soltani a surpris tout son monde en déclarant, tout d'abord sur une chaîne de télévision satellitaire, puis à la presse nationale, qu'il ne voyait aucun inconvénient à ce que le processus de la réconciliation nationale «aboutisse à une amnistie générale dans l'intérêt du pays et du peuple». Emboîtant le pas à un autre parti de la mouvance islamistes qui est El Islah, Soltani ne s'est pas arrêté à ce stade. Bien au contraire, jeudi dernier, sur les ondes de la chaîne I de la radio nationale, le ministre d'Etat a enfoncé le clou, en défendant le droit de Rabah Kebir, dirigeant de l'ex-FIS, d'activer dans le cadre d'un parti politique. Une déclaration qui n'a pas manqué de soulever une grogne, jusqu'ici couvée au sein du parti. «Rabah Kebir est rentré dans le pays dans le cadre de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Il ne doit pas bénéficier de mesures exceptionnelles», atteste le viceprésident du MSP. Plus incisif, il souligne que la charte interdit toute activité politique au responsable de l'ex-FIS: «Kebir en fait partie». «La charte, ajoute-t-il, est claire sur cette question, Elle s'applique à tous les Algériens, je ne comprends pas pourquoi certains voudraient que l'on recourt à des mesures d'exception au profit de Kebir». Dans le même chapitre, notre interlocuteur a estimé que les portes du parti sont ouvertes à tous les citoyens y compris Kebir. «Si ce dernier souhaite rencontrer les dirigeants du parti nous ne voyons aucun inconvénient à cela». Et à Saïdi de préciser que: «Nous allons le voir en tant que citoyen et non pas sous quelque casque politique que ce soit». Selon nos sources, les positions prises par M.Soltani n'ont pas fait l'objet de débats à l'intérieur de son parti, ce qui n'a pas été du goût des militants. «Soltani a exprimé des opinons personnelles qui n'engagent aucunement la ligne politique du MSP». L'on rappelle que ce n'est pas la première fois que les positions de Soltani suscitent une opposition parmi les militants du parti. Le dernier désaccord en date a trait à sa nomination dans l'exécutif au poste de ministre d'Etat, sans portefeuille. Mais ce dernier a réussi à endiguer la crise. Tout en reconnaissant les divergences dans la direction du parti, lesquelles traduisent, à son avis l'esprit d'ouverture et de démocratie qui y règne, il n'en demeure pas moins que Soltani persiste qu'il est «le porte-parole du MSP». Par ailleurs, les dernières sorties de Soltani reflètent, selon les observateurs, une volonté de se placer sur la scène nationale à la veille des échéances électorales.