Les motivations potentielles pour tuer Hariri sont multiples. L´enquête sur l´assassinat du Premier ministre libanais Rafik Hariri tire à sa fin, à en croire le chef de la commission d´enquête des Nations unies, Serge Brammertz. Le magistrat belge a précisé que son travail s´était concentré ces trois derniers mois sur «ceux qui ont participé à différents niveaux à la perpétration de ce crime». La commission d´enquête a également renforcé sa conviction que les quatorze attentats commis au Liban entre octobre 2004 et décembre 2005, dont celui qui a tué Rafik Hariri à Beyrouth, étaient liés, selon ce rapport d´étape, remis lundi au secrétaire général de l´ONU, Kofi Annan. Contrairement au rapport, entaché de partialité de son prédécesseur Detlev Mehlis, le chef de la commission actuelle signale également un niveau de coopération «généralement satisfaisant». Pour étoffer son rapport, la commission prévoit d´autres entretiens en Syrie pour vérifier la validité de réponses obtenues précédemment. Un mécanisme de protection des témoins est, par ailleurs, prévu par la commission. Pour ce qui est des nouveaux éléments d´enquête contenus dans le rapport remis au secrétaire général de l´ONU, ils sont nombreux. Des restes humains, dont une dent très particulière. Des centaines de débris de véhicules pulvérisés. Des milliers d´appels téléphoniques. Des enquêteurs internationaux accumulent, depuis des mois, des indices pour tenter d´expliquer qui a tué Rafic Hariri, et pourquoi. Les enquêteurs de l´ONU, qui viennent de publier leur 5e rapport d´étape sur l´assassinat de l´ancien Premier ministre libanais, doivent encore poursuivre leur travail pour conclure. Ces derniers sont, en effet, parvenus à faire la lumière sur les circonstances de l´attentat. De l´auteur présumé de l´attentat, il ne reste qu´une dent et 27 parties du corps identifiées grâce à leur ADN. Les enquêteurs de l´ONU ignorent, toutefois, s´il se trouvait à l´intérieur du véhicule ou à côté. La couronne de sa dent porte «une marque distinctive». Pour déterminer s´il y a eu une seule explosion -et non deux- et si elle était en surface et non souterraine, les enquêteurs ont reconstitué en 3D la scène du crime, assemblé des données, notamment sur le cratère creusé par la bombe et les particularités du véhicule piégé. Les appels des propriétaires de six cartes SIM, complices présumés de l´attentat sont minutieusement analysés. Au total, des «millions d´appels téléphoniques», impliquant 17 pays, sont analysés sur cette affaire et 13 autres attentats ou tentatives d´attentat commis au Liban entre octobre 2004 et décembre 2005, et qui seraient tous liés. Reste à éclaircir la question clef: qui est le commanditaire de l´attentat? Les motivations potentielles pour tuer Hariri sont multiples: ses relations tendues avec la Syrie, les élections libanaises, ses relations personnelles et commerciales, l´affaire de la banque al-Madina soupçonnée de fraudes et à laquelle il voulait s´attaquer une fois de retour au pouvoir. Les enquêteurs s´interrogent encore pour savoir si un seul groupe a commis l´assassinat ou si plusieurs groupes ou individus, ayant des motifs différents, ont uni leurs forces. La réponse sera connue une fois que les enquêteurs auront définitivement ficelé leurs rapports.