Un passif terroriste et l'incitation à la haine sont deux motifs qui mènent à l'expulsion. Les autorités françaises durcissent le ton envers les islamistes et poursuivent leur politique d'expulsion systématique. Onze imams devraient quitter la France dans les semaines ou les mois qui viennent. Parmi eux, figurent cinq Algériens, deux Tunisiens, un Syrien, un Tchadien, un Pakistanais et un ressortissant de l'ex-Yougoslavie. Le ministère français de l'Intérieur souhaite leur expulsion, parce que, d'après un policier, ces imams «se moquent de la prison, mais ils redoutent leur expulsion du territoire français». Deux sortes de griefs ont été retenus contre ces imams. Certains d'entre eux ont été impliqués, par le passé, dans des activités terroristes. C'est le cas de cinq individus dont l'Algérien Adel Mechat qui, selon l'enquête, aurait un passif avec le terrorisme. Il a été interpellé en mai 1998 en Allemagne dans le cadre d'une enquête européenne sur les réseaux de soutien au GIA (Groupe islamique armé). Au mois d'octobre de la même année, M.Mechat a été extradé vers la France puis condamné à six ans de prison pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. En 2000, il a été condamné pour une autre affaire alors qu'il se trouvait en prison. Il a été repéré alors qu'il passait des coups de téléphone suspects à des islamistes installés aux Pays-Bas depuis sa cellule de la maison d'arrêt de la Santé. Un autre Algérien est concerné par cette mesure: Mustapha Labsi. Il a été condamné en avril 2006 à cinq ans de prison assortis d'une interdiction définitive du territoire pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste». Selon une note récente de l'Unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat), les trois autres Algériens incriminés seraient compromis dans des affaires de terrorisme. L'Uclat rapporte qu'ils ont été impliqués dans les dossiers Richard Reid (tentative d'attentat contre un avion américain en 2001), et l'assassinat, le 6 septembre 2001, du chef afghan, le commandant Massoud. Ils seraient également impliqués dans un réseau de soutien au terrorisme algérien, démantelé en 1998. Le deuxième motif pouvant mener à une expulsion immédiate: la propagande en faveur de l'islamisme radical et l'incitation à la haine ou à la violence comme l'appel au Djihad. Les services de sécurité français placent depuis quelque temps les mosquées sous très haute surveillance. En effet, une cinquantaine de lieux de culte musulmans font actuellement l'objet d'une surveillance particulière «en raison de leur fréquentation par des éléments radicaux». Deux cents individus se livrant à des activités de prosélytisme islamique en prison ont été repérés, presque un tiers des établissements étant concernés. Ce n'est pas la première fois que des imams ou des étrangers ont été expulsés de l'Hexagone. 15 imams ont été expulsés de France depuis le 11 septembre 2001. Du 1er janvier au 31 août 2006 et pour la seule Ile-de-France, neuf islamistes ont été expulsés (cinq Algériens, un Bengladais, un Marocain et deux Pakistanais). A croire les notes diffusées par l'Uclat, la France est l'un des pays «les plus décriés par la mouvance terroriste islamiste», notamment en raison de la loi sur l'interdiction du port de signes religieux ostensibles à l'école. Dans un message du 23 février 2006, Oussama Ben Laden attaque ainsi «la position de la France sur le voile islamique» et «l'accuse de représenter le monde catholique auprès de l'ONU».