Invité mardi à la rencontre-débat littéraire au CCF, l'écrivain et journaliste Mustapha Benfodil a fait l'objet d' «une descente» intéressante au coeur de son roman où Jaoudet Gassouma, Rachid Moukhtari, Nassira Belloula et autre M'hamed Larbi, ont tenté de cerner son écriture qui échappe à tous les carcans académiques pour se frayer un chemin vers la liberté tout court. Et pourtant, ce travail de construction/ déconstruction, de superpositions, d'entrechoc de langues, de polyphonies et autres excès de langage et de sémantique, est un travail qui a été bel et bien réfléchi par l'auteur comme il le dit lui-même. «Tout est pensé dans ce roman. Il m'a pris 5 ans de travail. Je voulais relever un défi.» De la vraie création en somme, car c'est en cela que réside le génie de ce monsieur, en fait, et il le reconnaît modestement dans cette tentative continuelle et systématique d'abonder vers la recherche esthétique. Dans ce récit de l'incroyable aventure de Walou Ben Wali, Benfodil admet volontiers parodier les textes bibliques en oscillant sur cette dualité de tons: hyperarchaïsme et modernité. Mais aussi de destruction du manichéisme. Ainsi le sacré prend une nouvelle tournure, chaque personnage a son pendant, son double, au milieu duquel gît la solitude. «Mes personnages souffrent de beaucoup de solitude...» Un vrai casse-tête chinois ce «roman à tiroirs», en attestent même les remarques de nos chers intervenants. Pour Jaoudet Gasouma, cette oeuvre «possède plusieurs strates d'écriture, on nage en plein délire. Le livre est construit sur plusieurs figures d'images colorées, de transgression». Pour Nassira Belloula, ce livre «fantastique est traversé de secousses», à tel point qu'on a besoin de se cramponner toujours à quelque chose. Mais la surprise est là dans chaque tournure de pages et de mots! «De l'expérimental déclenché par les contraintes et le souci de coller à mon temps et le mouvement dialectique y afférent ont fait enfanter cet ovni. Le roman étant de connotation biblique, cela nous renvoie au manichéisme. Mon personnage est une sorte de prophète. Son message: détruire justement le manichéisme. C'est en fait le prophète des libres penseurs.» Et voilà tout est dit. Hybride, ce mot prend tout son sens avec ce roman. Pas étonnant que ce drôle de coco sous ses faux airs sérieux, fasse sienne cette phrase de Aziz Chouaki: «L'humour est le maquis suprême». Benfodil qui dit se reconnaître là-dedans, prépare actuellement un recueil de textes dans la même veine, qui sera intitulé à juste titre:Objet verbe non identifié.