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«J'en ai assez des critiques infondées»
DALIL BOUBAKEUR, RECTEUR DE LA GRANDE MOSQUEE À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 05 - 10 - 2006

Dans l'ambiance du mois de Ramadhan, et deux mois seulement après sa réélection à la tête du Cfcm, le recteur de la Mosquée de Paris, M.Dalil Boubakeur, est revenu sur la crise des banlieues, l'intégration des Algériens dans la société française, l'extrémisme religieux...les attributions de la Mosquée de Paris et ses rapports avec les pouvoirs publics.
Plusieurs personnalités viennent prendre leur repas du f'tour ici à la Mosquée de Paris. Pourquoi cet engouement?
La Mosquée de Paris est au coeur des musulmans et les musulmans sont au coeur de la société française. Une société en pleine mutation qui doit s'ouvrir aux plans économique, social et politique aux jeunes en particulier. Aux jeunes musulmans qui partent pour l'avenir avec parfois le sentiment de handicap. C'est pour cela qu'il faut faire vite pour rattraper le temps perdu et je pense surtout à ces jeunes qui doivent être en mesure de trouver leur place dans la société.
Sinon la crise des banlieues n'en finira pas de rebondir...
Les banlieues doivent être éliminées comme discrimination géographique C'est la séquelle du passé, d'un avenir mal préparé qui bannit des familles et n'a rien prévu pour les intégrer.
Cette exclusion a favorisé l'extrémisme religieux. Que fait-on pour protéger les jeunes de cet activisme?
L'extrémisme religieux n'est pas la religion.C'est une forme de contestation politique qui emprunte à l'Islam certains aspects purement formels. Nous essayons d'implanter dans les zones sensibles des imams pour y apporter la parole authentique de l'Islam. Mais nous rencontrons des problèmes, car les jeunes des cités connaissent peu ou pas du tout la langue arabe dans laquelle officient les imams. Il faudrait des imams qui puissent assurer leur tâche en français et qu'ils puissent être imprégnés de l'environnement et de la vie de ces jeunes pour mieux communiquer avec eux.
Mais la parole authentique, comme vous dites, ne propose pas de solutions à leurs difficultés...
Il est effectivement impossible d'aborder des questions politiques ou économiques du minbar, dans un système de laïcité. Nos imams sont contraints de s'en tenir à un discours purement religieux et académique qui est, pour beaucoup de jeunes, en décalage avec le discours politique des islamistes. Nous sommes impuissants à résoudre les problèmes de chômage, de formation ou de logement des jeunes, autant de problèmes que l'Etat lui-même, avec tous ses moyens, n'arrive pas à régler. Mais ces jeunes cesseront de se sentir rejetés quand leurs problèmes seront résolus.
Le Cfcm que vous présidez a connu quelques remous. Que s'est-il exactement passé?
Il s'agissait de la fédération marocaine qui n'arrivait pas à trouver ses représentants dans le Conseil et qui a menacé de se retirer. Mais nous nouss sommes réunis avant le Ramadhan et nous avons considéré que c'en était assez des conflits. A présent, le Cfcm est opérationnel et nous avons pu travailler tous ensemble. Nous avons, par exemple, décidé du début du Ramadhan pour le même jour pour tous les musulmans de France.
Certains vous reprochent de ne pas bien défendre les intérêts des musulmans de France et d'être trop complaisant avec les pouvoirs publics. Quel est votre commentaire à ce sujet?
Ma mission première est de gérer cette institution. Rien dans mes attributions de recteur de la Mosquée de Paris ne m'autorise à m'occuper d'autre chose. L'axe de mes actions n'est pas de tout faire. Si je devais m'occuper d'autre chose, que ceux qui me critiquent m'en donnent les moyens. Ici, ma responsabilité est de bien tenir la mosquée et l'on peut me juger sur ce résultat. Pour y arriver, je m'appuie sur la bienveillance des pouvoirs publics français et sur la gentillesse de l'Algérie, pour servir la cause de l'Islam que j'estime modéré. Me demander d'être recteur, président du Conseil des musulmans, le Cfcm, de défendre l'Islam dans les instances nationales mais aussi internationales en plus de mes travaux de recherche sur la civilisation arabo-musulmane. Eh bien, si certains pensent qu'ils peuvent faire mieux, je suis prêt à leur céder mon siège immédiatement. J'ai déjà dit que j'en ai assez de ces critiques infondées qui ne résolvent rien aux problèmes de ceux qui les alimentent. C'est trop facile de pleurnicher! Dites-moi combien de musulmans de France sont riches à millions? Ceux-là n'ont jamais une pensée pour la Mosquée de Paris, rien, pas même un centime. Je dis à tous ceux qui ne cessent de se lamenter, ça suffit! La Mosquée de Paris n'est pas la vache à traire, elle est là pour être à la hauteur de ses engagements et ce ne sont pas les pleurnichards qui nous aident à respecter ces engagements.
L'Islamophobie, en dépit de ses multiples manifestations, n'est que peu condamnée dans le discours politique français. Quelles en sont les raisons d'après-vous?
L'islamophobie n'est pas le fait des Algériens. Les influences du wahabisme et l'islamisme politique touchent tout le monde. C'est un problème d'ensemble de l'Islam en Europe. Tous ces attentats dans les pays européens, les Algériens n'ont rien à y voir.
Les actes d'islamophobie sont très peu condamnés par les politiques comme par les médias français.
Ce n'est pas seulement au niveau politique. C'est plus grave, car ce sont les opinions publiques qui deviennent islamophobes. Il en est de même dans la presse, une islamophobie dite ou non dite, sur Internet, des personnalités qui s'acharnent contre l'Islam. Il existe une ambiance islamophobe populaire, plus vaste, plus pernicieuse et donc plus grave. En même temps, c'est circonstanciel. En ce moment, les déclarations de violence, surtout internationales, où l'islamisme peut être en cause, créent cette islamophobie. Cet activisme politique extrémiste qui clame qu'il va détruire l'Occident, cette violence favorise cette ambiance. Surtout dans les pays européens où vivent les musulmans. Ce n'est pas les musulmans qui la suscitent, au contraire, ils en souffrent. Mais malheureusement, ils disent mal et pas assez. Ils voudraient convaincre ceux qui nourrissent cette islamophobie de penser à leurs frères qui sont dans les pays occidentaux et qui n'ont ni la facilité de s'exprimer ni la liberté d'expression.
L'Union européenne a demandé à l'Algérie d'ouvrir des discussions sur l'immigration. Pensez-vous que cela est une bonne proposition?
L'Algérie est moins concernée par le type d'émigration que connaissent certains pays d'Afrique ou comme le Maroc. Ce sont, en ce qui les concerne, des immigrations d'implantation pour vivre et travailler dans le pays d'accueil. L'émigration algérienne est différente en ce sens qu'elle est temporaire; de visite si l'on peut dire. Les Algériens sont plus intéressés par la libre circulation entre leur pays et la France que par l'immigration durable. Même si elle est plus importante en nombre, elle est, je dirais légère. En fait c'est davantage une question de libre circulation et donc de procédures de visa qu'un problème d'émigration. L'Algérien ne vient plus comme dans les années 70 ou même 80 pour survivre. Socialement et économiquement, le niveau des Algériens s'est nettement amélioré, surtout ces dernières années depuis l'avènement du président Bouteflika. L'image de l'Algérie s'est considérablement améliorée aussi. La communauté algérienne est aujourd'hui une communauté franco-algérienne de qualité et qui compte en son sein des intellectuels et des étudiants. C'est fini les problèmes des années 60 ou 70, entre ceux qui avaient choisi la France, les harkis et les autres; c'est une communauté qui a énormément souffert, mais cette souffrance a amené les familles à faire des efforts, à vivre en paix et dans la dignité.
Comment se passe le Ramadhan pour la mosquée
Nous avons tout un programme d'activités. Comme vous le savez, nous recevons des personnalités pour partager le ftour ici et débattre des questions qui intéressent les musulmans de France. Nous assurons les repas pour les nécessiteux et nous avons mis tous les moyens pour permettre au plus grand nombre d'accomplir les Tarawih. L'Algérie a eu la bienveillance de nous envoyer 64 imams que nous avons placés dans toutes les mosquées à travers la France où les musulmans n'avaient pas d'imam. Nous sommes sur le terrain grâce aussi à la Fédération de la Grande mosquée de Paris. Sinon, nous vivons tous ici le Ramadhan dans le respect de nos valeurs et de nos traditions.


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