Le commandant Azzedine lance une nouvelle polémique autour du congrès de la Soummam. Ils étaient tous là, hier, à la salle de conférence d'El Moudjahid. Tous ceux, parmi les rares survivants, qui ont fait partie des commandos Khodja sont venus commémorer le cinquantenaire de la mort de Mustapha, alias Ali Khodja, dans le silence. Ils sont venus comme en pèlerinage parce que Khodja est devenu un mythe, le mythe du sacrifice suprême. La parole a été donnée à Bachir Rouis, membre du commando que dirigeait Khodja en personne, au commandant Azzeddine qui avait dirigé un autre commando par la suite et à Baya Kahla qui était infirmière du côté de Palestro et qui connaissait les pionniers des commandos Khodja. Ali Khodja est né d'une famille modeste, à Alger en 1933. Taille moyenne, corpulence athlétique, une volonté de fer, il parle à ses subordonnés avec une sérénité contagieuse. Il a fait deux fois le service militaire au cours duquel il a appris à manipuler avec dextérité les armes. Il a été rappelé une troisième fois. Cette dernière incorporation a coïncidé avec l'éclatement de la guerre de Libération. C'est un peu le portrait que dresse de lui l'ancien ministre de la Culture et de la Communication, Bachir Rouis. Khodja prend attache avec Ouamrane, par le biais d'intermédiaires. Ouamrane lui ordonne de rester là où il est, en attendant l'évolution de la situation. Il travaille dans une caserne de maintenance des armes à Alger. Ouvrier-fraiseur de son état, il a été choisi pour ses compétences professionnelles. Ouamrane lui donne l'ordre de rejoindre le maquis. Le responsable de la caserne où il travaille est allé festoyer. A son retour, en compagnie de sa femme, le commando chargé de dérober les armes de la caserne située à Hussein-Dey est en train d'agir à cet effet. Surpris, les membres du groupe prennent la fuite avec quelques armes et rejoignent le maquis. Ainsi commence l'histoire du commando Khodja, telle que présentée par ses anciens compagnons. Aussi, Ali Khodja propose à Ouamrane la création d'une école de formation militaire. L'idée dépasse tout entendement. Il en propose une autre: prendre les armes chez l'ennemi. L'idée, cette fois-ci, n'est pas mauvaise. Aussitôt dit, aussitôt fait, Ali Khodja procède à la constitution d'un commando pour attaquer les militaires et leur dérober les armes. Il insiste pour que ses subordonnés ne tuent qu'en cas de nécessité. Rouis a eu la chance de faire partie de ce premier groupe. La première opération se déroule sur une crête près de Lakhdaria. Khodja l'a bien préparée. Il a épié la relève, chronométré ses déplacements, répertorié l'emplacement de chaque sentinelle. Dans la nuit, un commando en tenue officielle monte sur la crête et prend possession du poste de surveillance. L'opération connue sous le nom «côte 616» a été un succès. D'autres suivront et les armes et les tenues seront arrachées à l'ennemi sur le terrain des opérations. D'autres commandos ont été constitués par la suite. Selon le commandant Azzedine, Khodja cherchait une action spectaculaire, dans la plaine et en plein jour. Il en prépare une. Ce sera la dernière. Il meurt au champ d'honneur avec un nombre de moudjahidine. Son corps n'a jamais été retrouvé. Azzedine n'a pas raté l'occasion pour répondre à Mahsas qui aurait dit à la Radio que le congrès de la Soummam aurait été suggéré par les Français. Un homme, présent dans la salle, a pris la parole pour lui rappeler les propos exacts de Mahsas: «Il a dit que le congrès a été tenu par 5 personnes». Mais Azzedine dit l'avoir lu dans les journaux. Voilà encore une nouvelle polémique Soummam qui enfle.