La cohabitation entre les communautés vivant dans ce pays dément les thèses nourries par l'Américain Samuel P. Huntington. L'agression israélienne contre le Liban, au début du mois de juillet dernier, revient de nouveau pour remettre sur les rails deux idées diamétralement opposées: le choc et le dialogue des civilisations. La solidarité entre les communautés vivant dans ce pays a démontré au monde entier que la religion, contrairement à l'idée nourrie par l'Américain Samuel P. Huntington, peut ne pas être source de discorde mais d'entente et d'harmonie. C'est, en effet, autour de cette idée que s'est axée la conférence-débat, organisée avant-hier à 21h au siège de la fondation allemande implanté en Algérie, Friedrich Ebert, et qui portait sur L'impact de la guerre au Liban sur le dialogue interculturel. Monseigneur Tessier soutient, dans son intervention, que c'est pour la première fois qu'une réaction unanime émanant du peuple libanais, atteignent une telle dimension. «L'ensemble de ce peuple, quelle que soit sa confession, a donné une leçon d'entente interreligieuse jamais vue ailleurs. Tous les courants religieux étaient solidaires entre eux» a constaté Mgr Tessier. En effet, de la guerre qui l'a endeuillé quinze ans durant, le peuple libanais en est sorti avec conclusion simple certes, mais d'une importance capitale: seul le dialogue peut éviter au pays de sombrer dans un deuxième conflit interne. Il faut savoir, en ce sens, que la fin de la guerre civile au pays du Cèdre a été marquée par l'adoption de la loi constitutionnelle du 21 septembre 1990. Laquelle loi annonçait la suppression progressive du système du partage du pouvoir politique par les communautés. Ce qui signifie, de ce fait, l'abolition du confessionnalisme (et-taïfiya, en arabe). Et aujourd'hui encore, on voit cette formidable cohabitation existante entre les différentes communautés religieuses vivant au Liban. Pour l'ancien ministre de la Communication, M.Abdelaziz Rahabi, le Moyen-Orient est l'une des régions les plus conflictuelles du monde, en ce sens qu'elle est soumise à la montée constante des crises de tout acabit. Le conférencier étaye ses dires par les tensions qui ne cessent de secouer la région. Et le dernier conflit en date est celui en provenance de l'Iran. Ce pays par sa volonté de sa possession de l'arme nucléaire, attire la colère et le courroux des superpuissances économiques et militaires mondiales, à leur tête les Etats-Unis. «Et dans toutes ces histoires, le Liban ne sert que de paratonnerre», explique M.Rahabi. Revenant sur la solidarité avec le Liban exprimée par la communauté internationale, le conférencier a estimé que «cette solidarité n'était pas témoignée au Hezbollah, mais au peuple libanais». Justement évoquant la superpuissance, un syndicaliste, présent à la conférence, a soutenu, à juste raison, que «quand les grands frappent les petits, on dit que c'est de la démocratie; et quand ce sont les petits qui frappent les grands, on dit que c'est du terrorisme». Cette phrase a été lancée par asymétrie à la célèbre citation hugolienne selon laquelle: «Quand un chasseur tue un lion, on dit qu'il est brave; et quand c'est le lion qui tue le chasseur on dit que c'est barbare». Revenant sur l'idée du choc des civilisations, plusieurs intervenants croient, dur comme fer, qu'il ne s'agit plus du choc mais de l'ignorance de l'Autre. Pour se lancer dans un dialogue avec l'Autre, il faut tout d'abord commencer par soi-même, son entourage par la suite, pour atteindre les «cercles» étrangers. Ainsi est le cas actuellement, ceux qui appellent au dialogue interculturel, n'est-il pas préférable d'abord de commencer par balayer devant sa propre porte? La majorité acquiescera certainement du chef.