Plusieurs milliers de personnes ont accompagné à sa dernière demeure Rabah Aïssat, P/APW de Tizi Ouzou, assassiné jeudi soir par un groupe terroriste. Laâbid Aïn Zaouia, village natal de Aïssat, n'arrivait plus à contenir la foule venue de diverses régions du pays. La peine se lisait sur les visages, et les gens n'arrivaient pas à s'expliquer les mobiles de l'assassinat. La victime était très estimée par tout le monde. Durant la matinée d'hier, la dépouille mortelle a été exposée dans le hall du siège de l'APW. Des centaines de personnes sont venues rendre un dernier hommage à celui qui incarnait le consensus au sein de l'APW. Des universitaires, des artistes, des militants de différents partis et associations, des enseignants, de nombreux anonymes ont convergé depuis les premières heures de la matinée vers le siège de l'assemblée pour exprimer leur sympathie à sa famille et condamner l'acte criminel. A 10 h, l'impressionnant cortège funèbre prend la direction de Aïn Zaouia. Le village était déjà plein de monde. Chez les militants du FFS, les élus locaux, on ne parlait que des qualités humaines de l'élu assassiné. Ali Laskri, premier secrétaire au FFS, a déclaré que Rabah Aïssat était connu pour sa simplicité, son parcours irréprochable au FFS, et surtout son inlassable combat pour la stabilité de la région. A 11h, il était quasiment impossible d'atteindre le domicile du défunt tant la foule était compacte. Il fallait remonter une piste pour rejoindre la modeste maison mortuaire (toujours en construction) que ne quitte jamais Rabah Aïssat, a-t-on témoigné. « Il a toujours refusé d'occuper un appartement dans la ville de Tizi Ouzou au vu de ses fonctions. Il rentrait tous les jours au village. Il vivait parmi nous. Il était toujours là. Aujourd'hui, on ne comprend rien. Pourquoi a-t-on attenté à sa vie ? », se lamente un villageois . Un élu du FFS apportera son témoignage pour dire que le défunt recommandait toujours la prudence à ses collègues de l'assemblée. Jeudi, jour de son assassinat, il avait été invité à assister à un gala de boxe à Tizi Ouzou. Il n'a pu faire le déplacement, expliquant aux organisateurs que la situation sécuritaire était tendue dans la région et qu'il était préférable d'éviter de prendre des risques. Mais, le destin a voulu qu'il soit assassiné le soir même dans son propre village. Les témoignages sont aussi poignants les uns que les autres. Vendredi dernier, il devait présider une réunion des élus à l'APC de Tizi Ouzou, affirme-t-on encore. Les commerçants de Aïn Zaouia ont baissé rideau, hier, en signe de colère et de deuil. Le gouvernement était représenté par Djamal Ould Abbas, ministre de la Solidarité nationale et Dahou Ould Kablia, ministre délégué chargé des Collectivités locales, arrivés vers midi. Des élus de l'APW de Aïn Defla, le wali de Boumerdès, une délégation de Ghardaïa étaient également présents à la cérémonie funèbre. Vers midi et demi, la dépouille était transportée par les amis et les membres de la famille du défunt sous les youyous des femmes. Les milliers de personnes n'ont pas pu jeter un dernier regard sur le corps après la Prière du mort, tant il était difficile de canaliser autant de personnes. A 16 h, de nombreuses personnes se trouvaiernt toujours au village à cause des embouteillages. Les gens se sont dispersés dans le calme, tristes et inquiets. Maintenant que l'on s'attaque aux civils, on ne sait plus de quoi sera fait demain. Ould Kablia pris d'un malaise Dahou Ould Kablia, ministre délégué chargé des Collectivités locales a été pris d'un malaise au moment où la dépouille de Rabah Aïssat était mise sous terre. Son entourage a appelé en urgence les éléments de la Protection civile pour le prendre en charge. Panique chez la délégation officielle. On l'installe dans le véhicule officiel, à côté de Djamel Ould Abbas, qui quitte le village en trombe. L'ambulance a eu de la peine à se frayer un chemin. Ould Kablia est rentré directement à Alger sans passer par une structure sanitaire comme le suggérait le wali de Tizi Ouzou. Ould Kablia avait fait une hypoglycémie, confirme-t-on de source officielle.