Un large mouvement transitoire fait passer des éléments du Groupe salafiste du nord au sud et vice-versa. Deux terroristes armés ont été abattus jeudi par les forces de sécurité, qui ont également arrêté deux autres militants à Berriane, dans la région de Ghardaïa, à 450km au sud d'Alger, a annoncé l'APS se basant sur un communiqué des services de sécurité. Les forces de sécurité ont récupéré un lot d'armes de guerre dans un camion utilisé par le groupe armé qui se dirigeait vers le nord du pays. Selon des sources sécuritaires, un large mouvement de «transhumance» est opéré par le Gspc entre le nord et le sud du pays, soit pour permettre à certains de ses éléments de retrouver MBM dans les régions désertiques du Sahara, où il a subi des pertes assez importantes, soit pour permettre à des sariyate de combat de revenir aux fiefs du nord, notamment à Boumerdès, Tizi Ouzou, Bouira et Aïn Defla, où l'on constate une réorganisation des unités de combat du Groupe salafiste. Il y a quelques jours, dans le dernier numéro de L'Economiste, le professeur Aymeric Chauprade traitait justement des «zones grises» du Sahara et de la question de l'investissement dans les régions du sud du Maghreb et affirmait que le Maroc semble avoir déjà perdu plusieurs marchés, alors que l'Algérie, malgré des attraits certains, n'arrive pas à capter l'intérêt des investisseurs étrangers qui suivent l'évolution sécuritaire dans le sud de l'Algérie avec une certaine appréhension. Sous le titre édifiant de «Sahara, le risque des zones grises», il disait que la région saharienne suscite dans le monde de nombreuses inquiétudes. La prolifération de mouvements terroristes, le développement des filières criminelles, l'explosion de l'immigration clandestine en provenance d'Afrique subsaharienne et en direction de l'Union européenne, sont autant de phénomènes qui font l'objet de nombreuses études aujourd'hui, et qui poussent les Etats à proposer des solutions sécuritaires de plus en plus fortes. Ces dernières années, les Etats-Unis ont développé, dans le but d'éliminer l'activité de mouvements comme le Groupement salafiste pour la prédication et le combat, une coopération sous-régionale avec une dizaine d'Etats de la frange subsaharienne, dont le Maroc et l'Algérie. Tout le monde aura remarqué que toute l'attention de Washington se trouve -sincèrement ou par intérêt - braquée sur le sud de l'Algérie et sur la vaste bande frontalière. Les Etats-Unis avaient, en fait, commencé à s'intéresser à cette région au lendemain de la «guerre totale» engagée par les Etats-Unis et la dispersion des ca-dres d'Al Qaîda et de ses sympathisants un peu partout dans le monde. On avait vite fait de croire que les salafistes pouvaient avoir des incursions à partir de l'Algérie vers le Mali, le Niger, la Mauritanie (qui avait accusé, il y a un peu plus d'un an le Gspc d'être l'instigateur de l'attentat de Lemgheity, thèse qui sera perturbée quelques semaines plus tard), et toutes ces bribes d'idées avaient fini par conforter les experts militaires américains que cette bande du Sahel, longue de plusieurs milliers de kilomètres et qui va de la Mauritanie au Tchad et à la Somalie en passant par le Mali et le Niger, finira par constituer une «rampe de lancement» pour les futurs groupes armés. Bien sûr, le Gspc semble être derrière toute cette activité américaine dans le Sahel, après le regain de violence constaté dans ce pays. Kidal.info a annoncé, le 1er octobre dernier, qu'un «accrochage mortel entre des éléments de l'Alliance et la direction militaire du résidant au Sahara», a eu lieu, le 27 septembre dernier, dans le nord du Mali. Il en est résulté «la mort des trois principaux chefs dont le remplaçant d'El-Para». Kidal.info qualifie cet accrochage de «guerre contre le Gspc». Tessalit.info confirme l'information et annonce que les combats ont eu lieu en milieu de journée. «Le bilan actuel est de quatre morts du côté du Gspc, et d'un blessé du côté de l'Alliance. Les membres du Gspc survivants reflueraient en Algérie sous la pression des forces de l'Alliance démocratique», précise Tessalit.Info qui confirme que «le nouveau chef du Gspc pour le Sahara est parmi le nombre des tués». En fait, il s'agissait d'un des lieutenants de MBM, mais cela avait laissé croire aux responsables de la sécurité intérieure que la Zone 9 du Gspc connaîtrait des mouvements en vue de réorganiser ses troupes. Ce qui s'est passé à Ghardaïa semble confirmer les soucis des services de sécurité.