On pensait que les candidatures multiples, les peaux de banane et la guerre des chefs étaient le sort de la seule gauche. Depuis quelques jours, à droite, Nicolas Sarkozy est la cible de phrases assassines, de piques et de manoeuvres de coulisse de son parti. Le clan chiraquien n'a, apparemment, pas dit son dernier mot sur la présidentielle de 2007. Deux voix se sont particulièrement distinguées dans cette attaque frontale mais peu efficace pour l'instant: De Villepin et Michèle Alliot-Marie. Le premier a dit tout haut ce que ses camarades pensent tout bas, à savoir que «d'autres candidats que Sarkozy, issus de la famille UMP, peuvent se présenter». Intervenant sur RTL, le Premier ministre considère que «les Gaullistes ont un héritage qui est de considérer que cette élection, c'est d'abord la rencontre entre un homme, une femme et le peuple français. Aussitôt, les observateurs ont repéré la femme en la personne de Michèle Alliot-Marie, la ministre gaulliste de la Défense qui est, semble-t-il, déjà en embuscade». Elle avait elle-même déclaré, récemment, que «les sondages qui sont faits huit mois avant, sont rarement ceux que l'on retrouve après. J'examinerai la situation et, au vu de celle-ci, je me prononcerai au début de l'année prochaine». En attendant, elle s'organise, tisse des réseaux et recherche des appuis. Azouz Begag, ministre délégué à la Promotion de l'égalité des chances et affilié au clan chiraquien, souhaite, pour sa part, que De Villepin se présente, estimant que le Premier ministre incarne «l'apaisement, l'unité» et «sait parler à tous les Français sans tentative de désunion». On l'aura compris, ses propos visent directement le ministre de l'Intérieur, auteur des expressions telles que «karcher» et autres «racaille». En somme, une «sémantique de guerre» selon le même Begag. Jean-Louis Debré, président (UMP) de l'Assemblée nationale est encore plus tranchant «il (Sarkozy) ruine l'action du gouvernement» tandis que pour François Goulard, ministre délégué à la Recherche, «il s'inscrit contre la tradition gaulliste». Mais pour les Chiraquiens, Sarko reste surtout celui qui a «trahi» Chirac en 1995 en préférant Edouard Balladur, lequel, d'ailleurs, vient de le rejoindre dans l'équipe de campagne. Pourtant, le ministre de l'Intérieur ne se démonte pas même s'il essaie, depuis quelques jours, de rectifier son image d'homme impulsif et parfois brutal dans ses déclarations. Il faut dire que sa qualité de n°2 du gouvernement et ses scores toujours aussi positifs dans les sondages, lui donnent une confortable marge de manoeuvre. Mais sa carte maîtresse est, sans conteste, son parti, l'UMP, dont il est le président et le candidat probablement. Mais l'UMP, fort d'environ 300.000 adhérents, est aussi une machine de guerre qui dispose d'un potentiel financier considérable. Alors, qui peut lui tenir tête à droite? C'est la question que se posent journalistes et politiques. Ses opposants du clan chiraquien pensent à De Villepin et Michèle Alliot-Marie, sans trop d'illusion toutefois, car, comme le dit le directeur du CSA (centre de sondage), «l'UMP est à la dévotion de Sarkozy, c'est son fan-club». Les deux personnalités ont, néanmoins, leurs supporters dans le gouvernement, Begag, bien sûr, mais aussi quelques autres comme le ministre délégué aux Relations avec le Parlement qui a reconnu publiquement: «Nous sommes fidèles au président Chirac et au Premier ministre. Interrogé sur le devenir de cette opposition anti sarkozy, le même ministre confie: Nous avons vocation à rallier parmi les premiers, la candidature Villepin ou Alliot-Marie». L'entourage de Sarkozy, lui, se dit optimiste et il le dit sur tous les tons «Nicolas innove, donc il dérange» depuis 2002, on nous dit qu'il va exploser en plein vol...A chaque fois, les Français l'ont approuvé et il a eu raison contre les jeteurs de sorts. Il se peut que pour Sarkozy les choses ne soient moins évidentes dans les prochains mois, lui qui se croyait déjà sur la voie royale, aura peut-être à ferrailler davantage avec ses compagnons de droite qu'avec ses adversaires socialistes.