L'affaire des magistrats vient s'ajouter à la visite très controversée, aux USA, de Sarkozy. «Guerre», «crise politique» toutes les expressions dramatiques y passent. Rien ne va plus entre les magistrats et le ministre de l'Intérieur qui avait accusé les juges du tribunal de Bobigny de «démission» face à la délinquance juvénile. Syndicat des magistrats, avocats et opposition ont fait chorus pour fustiger les propos d'un homme devenu la cible de tirs croisés. Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur, président d'un parti UMP et candidat à la présidentielle, ne compte plus ses ennemis dans le système. L'affaire des magistrats dont les doléances ont été, hier, exposées au président Chirac par le président de la Cour de cassation, vient s'ajouter à la visite très controversée aux USA de Sarkozy. Sa photo avec l'impopulaire George Bush et ses propos sur l'arrogance de la France lui ont valu une pluie de critiques y compris à droite. Le Parti socialiste, en particulier, se frotte les mains de cette nouvelle opportunité d'attaquer un adversaire trop envahissant. Segolène Royal s'est empressée de qualifier les déclarations de Sarkozy sur le fonctionnement de la justice de «dérapage inadmissible» et lui demande de présenter «des excuses». Pour le camp socialiste, le ministre de l'Intérieur utilise les magistrats comme boucs émissaires pour détourner l'attention de son bilan sur la délinquance. Pourtant l'intéressé, dont le projet de loi sur la prévention de la délinquance a été adopté mercredi au Sénat, ne se démonte pas. Il rétorque à chaque salve que les «Français savent que je dis la vérité». Rassuré par les sondages -presque 30% des Français se disent prêts à voter pour lui au premier tour -Sarkozy tient à son idée de rupture exprimée par le slogan «la France d'après» et réplique sereinement à ses détracteurs «j'ai envie de me montrer tel que je suis». Et c'est d'ailleurs au vu de cette sérénité que beaucoup d'observateurs se demandent si cette nouvelle tempête n'est un fait de la stratégie de Sarkozy qui paraît ainsi comme l'homme à abattre par ceux-là mêmes qui savent que ses propos ont un écho favorable dans l'opinion. Depuis quelques jours, les anti Sarkozy pointent du nez au sein de la majorité même ou plus précisément, dans le clan des Chiraquiens. Déjà, la semaine dernière, Jacques Chirac affirmait sur Europe1 que «l'important, c'est la France de maintenant» en opposition, bien entendu, à la «France d'après» de Sarkozy. Dominique de Villepin, le Premier ministre, ne manque pas une occasion de glisser qu'il ne «faut pas opposer des Français contre d'autres». Quant à la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, ses ambitions présidentielles sont connues de tous. On comprend que plusieurs suggèrent que le ministre de l'Intérieur quitte le gouvernement, chose qu'il a d'ailleurs l'intention de faire en fin d'année. Pour ses proches, il n'a pas fini son travail et doit demeurer à son poste d'autant, soutiennent-ils, que «les gens sont d'accord avec lui». Ceux qui ont compris les leçons du 21 avril (les présidentielles de 2001 ndlr).C'est dire que les élections de 2007 sont le moteur de cette polémique où les intentions affichées sont souvent loin des véritables motivations. Dans le duel Sarkozy-Royal, d'autres présidentiables tentent de récupérer des points pour leur propre candidature. Si à droite, Sarkozy s'est quasiment imposé comme intouchable, à gauche, la lutte est encore autant serrée ou davantage entre les ténors du PS. Dominique Strauss-Kahn, Laurent Fabius, Jack Lang, Lionel Jospin, tous partants à condition que Segolène Royal ne remporte pas le vote des militants. Ils n'attendent pas, on s'en doute, cette échéance pour faire campagne pour leur propre candidature et contre celle de leur camarade Segolène. Pour l'instant, leurs efforts restent maigres. Le duo au sommet des sondages est toujours le même: Sarko-Royal.