En rang d'oignons, tous les ténors de la chiraquie ont fait allégeance à Sarkozy. À l'image d'Alliot-Marie, la ministre de la Défense, qui avait, pourtant, juré de croiser le fer avec le plus atlantiste des gaullistes. Au sein de la droite, hormis Chirac, son Premier ministre, D. de Villepin, et le président de l'Assemblée nationale, M. Debré, tous les autres grosses pointures se sont alignées en rang d'oignons derrière Nicolas Sarkozy, dont la candidature à l'Elysée doit être acclamée par l'UMP aujourd'hui. La ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, considérée comme faisant partie du carré des chiraquiens, devait jeter elle aussi l'éponge et annoncer son ralliement à la candidature du président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, à l'élection présidentielle et renoncer ainsi, de facto, à se présenter. Alliot-Marie, qui avait présidé au parti gaulliste, avant qu'il ne se dénomme UMP, ne s'est pas contentée de son soutien. “Je veux aider Sarkozy à pouvoir rassembler, non seulement dans de la droite, mais également, au-delà, chez tous ceux qui se reconnaissent dans mes idées et dans les valeurs qui sont les miennes”, a-t-elle annoncé, expliquant son retournement comme un choix volontaire et enthousiaste face au risque socialiste et au risque extrémiste. Sarkozy était assuré de son investiture mais le ralliement inattendu d'Alliot-Marie confirme que sa candidature est sur la voie royale au sein, non seulement du parti majoritaire, mais également chez tous les chiraquiens. L'allégeance de la ministre de la Défense met également fin au suspense entretenu autour de la candidature de Jacques Chirac, que le président de l'Assemblée nationale avait essayé de relancer, malgré un sondage faisant ressortir qu'un Français sur deux ne veut plus le voir à l'Elysée. Alliot-Marie, qui a encensé comme jamais Sarkozy, est assurée d'un retour d'ascenseur. Le candidat a pris en compte, pleinement, les préoccupations exprimées par la chiraquienne, notamment sur la poursuite de l'effort pour la défense nationale et l'indépendance de la France. Il a estimé que la grande expérience de la ministre de la Défense serait un atout pour sa campagne et pour son action à avenir. Alors qu'Alliot-Marie devait prendre la parole au congrès de l'UMP, le Premier ministre, D. de Villepin, lui, s'est contenté de faire une apparition. Le ralliement d'Alliot-Marie serait, à ses yeux, un coup de poignard. Le chef du gouvernement avait comparé, la semaine dernière, les ralliements à Sarkozy à l'alignement de petits pois et de sardines dans une boîte. Les voix des chiraquiens pèseront-elles dans le programme de Sarkozy qui, lui, ne cache même plus son inclinaison aux thèses extrémistes de la droite. Il ne s'est pas empêché de revêtir le manteau lepéniste pour chasser sur le terrain du plus vieux raciste de France. Sarkozy, l'enfant terrible de la chiraquie, n'arrête pas de bousculer sa famille politique en lui intimant l'ordre d'affirmer son identité et ses valeurs, qu'il confond, sans état d'âme, avec celles défendues par le Pen. Ce dernier n'arrête pas à son tour d'épingler Sarkozy pour plagiat, notamment sur la sécurité et l'immigration. Le ministre français de l'Intérieur, qui observe d'un mauvais œil la montée de Ségolène Royal dans les sondages, veut également chasser sur le terrain de la gauche où, selon lui, une partie de son électorat pourrait se reconnaître dans ses conceptions sur l'ordre et l'immigration et, paniqué par le succès de sa rivale socialiste, il en est arrivé à s'entremêler ses propres pinceaux. Lui, l'homme de droite, se rapproche des conceptions des socialistes sur l'Europe, le temps de travail, du pouvoir d'achat, la famille, les discriminations, les droits des homosexuels, pour lesquels il propose un nouveau contrat d'union civile, la situation des fonctionnaires ou les patrons voyous ! D. Bouatta