Le 18 octobre prochain, cet artiste aux multiples talents, reviendra à Alger afin de promouvoir son nouvel album «3 Marabouts», sorti chez Belda Diffusion. Grâce à AS Production, Djamel Laroussi est venu jeudi dernier fêter la sortie de son nouvel album «3 Marabouts», chez lui en Algérie. Entouré de ses fidèles musiciens: Smaïl Benhouhou au synthétiseur (alias hélicoptère), Tarek Gacemi à la basse, Samy Chiboub à la batterie et Ishaka Sow à la percussion, ce gaucher de musicien nous a gratifié non pas d'un simple concert mais d'un spectacle où se confondront musique et spiritualité, grâce et talent. Djamel Laroussi n'a cessé de faire mûrir sa palette musicale, lui insufflant de la fraîcheur et du tonus, aussi doublé d'un zeste de naïveté qui fait toute la différence d'un musicien qui, décidément, refuse de grandir. Et c'est tant mieux. Avec ce troisième album, Djamel Laroussi confirme, en effet, son statut «d'étoile qui file du bon son»! Après plus de 8 mois de préparation avec son complice Smaïl Benhouhou, 3 Marabouts est sorti en Allemagne le 4 mai 2006. Il est composé de douze titres et du remix (réussi) de l'un d'entre eux: Kifach hilti. Il est aujourd'hui disponible en Algérie aux éditions Belda diffusion. Après une première au Théâtre national de Brasilia, Djamel a entamé ses tournées européennes en mai dernier qui l'ont conduit avec son groupe aux Pays-Bas, en Belgique, en Allemagne, en Espagne, etc. Des vidéos-projections haut en couleur de Gudrun Barenbrock, artiste de Cologne, accompagnent ses concerts, ce fut le cas à la salle Ibn Zeydoun. Les cheveux en bataille et sa silhouette et son look d'éternel adolescent, Djamel Laroussi n'a pas de mal à contaminer le public avec sa chaleur communicative. Certains jeunes téméraires n'ont pas hésité à monter sur scène et sous l'effet du bendir, à mettre à nu l'esprit de mère Afrique qui sommeille en chacun de nous. Du plaisir à l'état brut! L'Expression: Alors, Djamel Laroussi revient se produire à Alger un an après, et revoir son public... Djamel Laroussi: Ah oui, j'adore le public algérien. C'est le meilleur public au monde. L'année dernière quand je suis venu ici, c'était pratiquement le dernier concert de la tournée que j'ai effectuée durant deux années. Je me suis mis à bosser sur le nouvel album avec Smaïl Benhouhou (le pianiste du groupe). On a travaillé dessus pendant 7 mois, nuit et jour. On la produit ensemble en travaillant dessus comme des malades. Après Etoile filante, Djamel Laroussi nous revient plus de 3 ans après avec un nouvel album, tout frais, tout chaud... Oui, après le live en 2003, le DVD fin 2004 et maintenant fin 2006, le nouvel album 3 Marabouts qui sort chez Belda diffusion. Pourquoi 3 Marabouts justement? En fait, l'album ne parle que de marabouts. Chaque chanson, d'une manière ou d'une autre, en fait référence. Pourquoi? D'abord, mon père vient d'un village qui s'appelle 3 Marabouts. Aujourd'hui, cela s'appelle Sidi Benâada. C'est à Aïn Témouchent. Ma mère est kabyle. Dans ce village, il y avait en fait trois mausolées, trois sanctuaires de marabout. Il y avait un qui s'appelait Sidi Meftah, le deuxième Sidi Rabah et le troisième Sidi Benâada. Aujourd'hui, la ville porte le nom de ce dernier. Cet album est en fait un hommage à la terre de mes ancêtres. Du côté de la famille de mon père, notamment mon grand-père paternel, ils étaient tous un peu dans cet esprit soufi. Mon oncle dirigeait une confrérie qui s'appelait El Hamdaoua. Quelque part, j'ai hérité de ce côté marabout sûrement puisque j'aime beaucoup la musique de transe comme les Gnawas, les Aïssaouas les Hamdaouas...Je me suis dit alors je ferai un album et l'appellerai. En même temps, chaque chanson est le fruit de recherches de manière à ce qu'elle contienne des éléments en rapport avec le maraboutisme. Même si certaines chansons sont de coloration chaâbie, dans la fin de chaque texte il y a toujours un appel aux marabouts. Il y a un titre, aussi, dans l'album qui s'appelle Marabouts. Ce sont les «awliayaâ Allah» en fait. Là, je dis: «Laïlaha ilallah, awliyaâ Allah, klami hdya likoum ou n'touma el baraka haïzine». C'est un hommage aux marabouts. Je cite par exemple «Asmaâ Allah el hosna». Dans Mama Binette, je parle d'une marabout aussi dont le mausolée se trouve à Beni Houa. On m'a parlé de cette histoire et cela coïncidait bien avec l'idée de mon album. C'est une façon de montrer que chez nous, les femmes sont aussi marabouts. Il n'y a pas que les hommes. Dans Kakilambé interprétée en duo avec Isakh qui, lui, chante en wolof, fait référence aussi au marabout de l'Afrique de l'Ouest notamment. Isakh cite les marabouts de son pays. Parmi eux on retrouve Abdelkader El Djilani qui vous suit partout (sourire). C'est le même qui figure dans la chanson Etoile filante, Ya Djilani dawi hali, c'est le même en fait. C'était un grand mystique philosophe. J'ai introduit aussi dans cette chanson la cora qui est aussi un instrument de transe. Il y est également dans Mama Binette. Qu'en est-il des deux morceaux chaâbi: Kifach hilti et Nadim? Nadim parle des 10 coupes qu'on lui sert. C'est en fait le khlass de Kifach hilti. Ce sont des textes tirés du patrimoine qui datent de très longtemps et que les musiciens chaâbis ont utilisé. On dit que les 10 coupes auxquelles ils font référence dans les textes peuvent correspondre aussi bien à l'alcool qu'aux différentes étapes de spiritualité auxquelles on accède, les états de transe dans lesquels nous sommes. C'est à double sens. Ce sont vraiment les Soufis qui ont écrit ce genre de choses. Et si je me trompe c'est quelqu'un de spirituel qui a écrit ce texte... Pourriez-vous nous parler de la tournée promotionnelle de ce nouvel album? Depuis le mois de mai, sortie de 3 Marabouts en Allemagne, j'ai effectué une quinzaine de concerts là-bas. Je me suis aussi produit en Belgique, en Hollande, après en Estonie, au Brésil. On a présenté l'album un peu partout, également en Espagne. Et maintenant, je suis enfin revenu en Algérie grâce à l'organisation de AS Production. Désormais, je poursuis l'aventure de la tournée avec ce répertoire pendant quelque temps. Toujours avec les vidéos-projections, de la chorégraphie, avec mes nouvelles chansons mélangées à l'ancien répertoire. En gardant toujours cet esprit festif de spontanéité et de recueillement.