Elle a laissé entendre qu'elle ne participerait pas à l'inspection des cargaisons de navires en direction et en provenance de la Corée du Nord Les USA suivent de très près l'évolution de la situation en Asie suite au coup d'éclat du régime communiste de Pyongyang, auteur du premier essai nucléaire de l'histoire de la Corée du Nord. A cet effet, le secrétaire d'Etat adjoint américain, Christopher Hill, est arrivé, hier, à Tokyo, première escale d'une tournée en Asie. Sa mission est de mobiliser ses alliés dans la région. Dès son arrivée dans la capitale nippone, l'envoyé américain a immédiatement exhorté la communauté internationale à appliquer les sanctions votées samedi dernier par le Conseil de sécurité de l'Onu contre Pyongyang. L'émissaire de l'administration Bush, qui est aussi le chef de la délégation américaine aux pourparlers à Six (les deux Corée, Etats-Unis, Chine, Japon, Russie) sur le nucléaire nord-coréen, se réunira jeudi prochain à Séoul avec les autorités de la Corée du Sud et du Japon dans un cadre tripartite, en présence de la secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice. Lors de ce conclave, il sera question de faire le point sur l'application de la résolution onusienne et de discuter d'éventuelles mesures supplémentaires à prendre pour bloquer le programme nucléaire nord-coréen. La position de la Chine dans cette crise sera sûrement passée en revue par ce triumvirat agacé par les menaces proférées à leur encontre par le régime de Pyongyang. Pekin, allié traditionnel de la Corée du Nord a, faut-il le rappeler, laissé entendre qu'elle ne participerait pas à l'inspection des cargaisons de navires en direction et en provenance de la Corée du Nord, comme le prévoit la résolution du Conseil de sécurité. Elle n'entend pas lâcher, aussi facilement, son allié traditionnel dans la région. L'initiative que la Chine a jugé utile de prendre, concerne la construction d'un rideau de fils barbelés, haut de 2,5 mètres, qui se prolonge sur une vingtaine de kilomètres le long du fleuve Yalu, sur une partie de sa frontière avec la Corée du Nord qui la sépare de la ville chinoise de Dandong, et ce, pour prévenir un afflux de réfugiés. Ce qui est déjà considéré comme une «première» dans l'histoire des relations entre les deux pays gouvernés par un régime communiste. De son coté, le gouvernement japonais planche sur les mesures supplémentaires de riposte à entreprendre face aux menaces proférées par son voisin coréen. Après l'embargo commercial total, il est question, d'après le ministre de la Défense, Fumio Kyuma, d'ordonner le rapatriement dans les eaux territoriales, des bâtiments militaires actuellement déployés dans l'océan Indien car «la priorité est de défendre notre pays», a t-il notamment déclaré devant une commission parlementaire. Ce qui laisse suggérer qu'une escalade militaire n'est plus à écarter. Pyongyang a réussi à mettre un black-out total sur son premier essai nucléaire et menacé de s'en prendre à ses ennemis de façon brutale en cas d'agression militaire. Ce qui a mis ses interlocuteurs dans une situation embarrassante du fait de l'ignorance de la nature de la menace proférée et de son degré de nuisance. Les craintes des pays voisins s'accentuent dès lors que même l'Agence internationale de l'énergie atomique ignore toujours «combien de matériel nucléaire a été utilisé» dans cet essai. Mieux encore, des incertitudes persistent quant à la véracité de l'acte nucléaire; même sa signature sismique (d'environ 4 sur l'échelle ouverte de Richter) à été enregistrée par l'Organisation du Traité pour l'interdiction totale des essais nucléaires (Ctbto). Le seul moyen, d'après l'Agence, de savoir ce qui s'est réellement passé, est d'envoyer sur place ses inspecteurs, expulsés à la fin de 2002. Une éventualité à écarter depuis que Pyongyang a mis fin aux négociations portant sur son nucléaire. A vrai dire, la communauté internationale, les Américains en tête, ne sait plus s'il s'agit d'un coup de bluff du régime communiste, acculé dans ses derniers retranchements, et qui joue sa survie, ou bien d'un nouveau rapport de force régional qui donnerait la légitimité politique à un régime honni. Soit un interlocuteur écouté et respecté. Ce qui donnerait bien des idées à d'autres régimes en proie à des pressions de la part de la Maison-Blanche comme c'est le cas de l'Iran, actuellement observateur attentif et intéressé des enjeux de cette crise nucléaire inédite. Téhéran ne manquera sûrement pas d'en tirer les conclusions nécessaires.