Le directeur de l'Office national des droits d'auteur déplore l'absence du ministère de la Justice. Le phénomène du piratage fait encore ravage en Algérie. Les pertes infligées à l'Etat sont considérables. A en croire le directeur général de l'Office national des droits d'auteur et des droits voisins (Onda), M.Hakim Taousser, elles sont estimées à 578 millions de dinars, et ce, pour la seule année 2004. Intervenant hier sur les ondes de la Chaîne culturelle de la Radio nationale, M.Taousser a indiqué qu'en dépit des efforts consentis par l'institution dont il est à la tête, le phénomène ne cesse de prendre de l'ampleur Il a souligné, à titre indicatif, que le nombre des pièces piratées saisies est en nette progression. Ainsi, en 2003, la quantité des oeuvres saisies est estimée à 65.430. Ce chiffre s'est vu à la hausse pour atteindre les 182.820 pièces saisies en 2004. En 2005, ce nombre a baissé pour atteindre la barre des 112.751 oeuvres artistiques piratées saisies. Malgré tous les efforts fournis par l'Office national des droits d'auteur, il n'en demeure pas moins que l'Algérie est loin de venir à bout d'un phénomène qui ne cesse de lui coûter cher, trop cher même. Il faut rappeler dans ce sens que le piratage est l'un des problèmes épineux qui entravent l'admission de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce. Notre pays avait même reçu, et à maintes reprises, des avertissements la sommant de lutter efficacement contre ce phénomène. A défaut de quoi, son adhésion à cette Organisation sera compromise. A cet effet, le directeur de l'Onda ne cache pas son pessimisme. Et pour cause: l'institution qu'il préside ne peut pas, à elle seule, lutter contre le piratage. A se fier aux déclarations de M.Taousser, l'Onda ne dispose que de 45 contrôleurs assermentés, exerçant sur le territoire national. Ce nombre est, à ses yeux, loin de répondre aux besoins de notre pays en matière de lutte contre le phénomène de la contrefaçon. Cela, notamment, lorsqu'on sait que le marché parallèle fait encore rage. Il faut souligner dans cette optique, l'existence de quelque 30 marchés parallèles sur le territoire national. Ces marchés livrent une rude concurrence aux producteurs qui se retrouvent, dans la plupart des cas, poussés, eux-mêmes, à travailler en noir pour fuir le fisc. Le directeur de l'Office national des droits d'auteur et des droits voisins, M.Hakim Taousser, déplore en outre, l'absence du ministère de la Justice dans la lutte contre ce phénomène. Se voulant plus clair, il a signalé que sur les 26 plaintes déposées en 2004 par son institution contre les tenants de la contrefaçon, dans la seule wilaya de Constantine. «Néanmoins, à ce jour, il n'y a eu que trois plaintes étudiées» regrette M.Taousser. Celui-ci a fait savoir qu'il avait fait une proposition de créer une commission qui se chargerait de la lutte contre la contrefaçon. Elle sera composée des différents ministères et institutions, dont le ministère de la Justice, celui de la Culture, des Finances, la Gendarmerie nationale, la Direction générale de la Sûreté nationale (Dgsn). Toutefois, le secrétariat du gouvernement a refusé cette proposition, arguant à cet effet, que ce genre de commission doit être créée par un décret gouvernemental. «Nous avons alors saisi le chef du gouvernement et le dossier est à l'étude» a conclu M.Taousser.