La version officielle évoque un problème d'ordre technique. Les Touareg maliens de Kidal ne déposeront pas les armes comme prévu. Signé début juillet à Alger, le pacte de désarmement des ex-rebelles touareg maliens est, une fois de plus, renvoyé aux calendes grecques. L'accord en question devait rentrer en vigueur à compter d'hier. Mais, faute de «préparatifs», d'après une version officielle, communiquée vendredi soir par le président du Comité de suivi de l'accord d'Alger, Mamadou Diagouraga, le projet de désarmement est ajourné pour un mois. D'après la même source, ce report a été décidé d'un commun accord. C'est-à-dire, par la partie malienne, le médiateur algérien et les ex-rebelles touareg. Cet ajournement, même s'il constitue une entrave au processus de paix au Mali, il n'en permet pas moins de stopper l'activisme du Gspc dans la région saharienne et subsaharienne, et de sécuriser ainsi la bande frontalière. La diplomatie algérienne a dû tenter une médiation de dernière chance afin de désamorcer la bombe minée sur sa frontière avec le Mali. Le pari est réussi. Les deux parties antagonistes ont signé, début juillet à Alger, des accords de paix. La feuille de route impose aux Touareg de renoncer au projet d'autonomie de leur région, tandis que Bamako doit accélérer le développement du nord désertique abritant l'essentiel de la communauté targuie. La question qui s'impose est de savoir si un simple problème d'ordre technique peut être à l'origine du renvoi du plan de désarmement? Mamadou Diagouraga a précisé que «le site où les ex-rebelles touareg doivent être cantonnés n'a pas encore été aménagé». Cependant, l'on s'interroge si la dernière attaque terroriste du Gspc au nord du Mali n'est pas à l'origine de la traîne du plan de désarmement. Les rebelles touareg peuvent-ils servir de partenaires afin de contrecarrer l'activité terroriste du Gspc dans la région? Les désarmer de sitôt semble, en tout cas, une initiative à haut risque. C'est ce qu'explique probablement le recours à l'ajournement du plan de désarmement, une décision qui intervient quelques jours seulement après l'attaque terroriste du Gspc au Mali. Début octobre dernier, les combattants touareg avaient fait part de l'élimination, en septembre, du numéro deux du Gspc pour le Sud algérien, connu sous plusieurs noms, notamment «Abdelhamid» et «Abohola.» La voix officielle se contente d'annoncer que «les opérations de cantonnement et de désarmement des ex-rebelles touareg auront finalement lieu dans un mois (en novembre)». Et pour motif, «le site où les ex-rebelles touareg doivent être cantonnés», un endroit situé aux environs de la région rebelle de Kidal, «n'a pas encore été aménagé.» Les trois parties qui représentent le Comité de suivi de l'accord d'Alger, composé de neuf membres dont des représentants du gouvernement malien, des ex-rebelles touareg et de la médiation algérienne, devaient se rencontrer hier. Les participants à cette rencontre doivent éventuellement arrêter une date pour l'entame du plan de désarmement qui concerne environ un millier d'ex-combattants touareg. Ces derniers n'ont pas encore rendu les armes prises des trois camps militaires dans le nord et l'est du pays, lors des attaques du 23 mai dernier qui avaient fait six morts.