La commission algérienne composée d'officiers et de représentants des Affaires étrangères a réussi un «acte 3» dans les accords entre le régime d'Amadou Toumani Touré et les ex-rebelles touaregs maliens. «Le gouvernement malien et l'Alliance démocratique du 23 mai 2006 pour le changement ont signé, mardi à Alger, trois documents pour l'exécution de l'accord de paix, de sécurité et de développement de la région de Kidal, signé en juillet 2006 en Algérie», a indiqué le ministère algérien des Affaires étrangères. Les ex-rebelles touaregs maliens, qui avaient attaqué fin mai deux camps militaires à Kidal (nord-est du Mali), et étaient en rupture de ban avec Bamako, montrant des signes de lassitude et tension, ont signé, finalement, avant-hier, à Alger, les documents pour la mise en oeuvre de l'accord de paix conclu en juillet 2006 à Alger avec le gouvernement du Mali. Il s'agit d'un «acte 3» parce que l'Algérie avait déjà joué un rôle décisif dans le règlement de la rébellion touarègue grâce aux accords de paix signés en 1992 à Tamanrasset (Sud algérien) entre la rébellion touarègue et le pouvoir central. Et le 6 juin 2006, elle a encore, officiellement, accepté d'assurer la médiation entre le pouvoir et les Touareg maliens. Bouteflika a reçu, alors, Kafougouna Koné, ministre de l'Administration territoriale et ancien patron de la Sécurité d'Etat du Mali et Alger s'est impliquée pour désamorcer la crise. L'émissaire d'Amadou Toumani Touré (ATT) est venu demander aux Algériens de se saisir d'un dossier qu'ils connaissent fort bien pour y être déjà intervenus en 1992. Les textes portent sur le calendrier des étapes pour la remise des armes, le procès-verbal des conclusions des réunions tenues durant une semaine à Alger, et la préparation d'un Forum international prévu les 23 et 24 mars à Kidal avec la participation de bailleurs de fonds, selon un communiqué du ministère malien. Les documents fixent, également, les moyens de cantonner ces personnes, de récupérer leurs armes et de les aider à se réinsérer dans le circuit économique et social au Mali. Selon ce communiqué, les accords ont été signés par le représentant du gouvernement malien, le général Kafougouna Koné, ministre de l'Administration territoriale et des Collectivités locales, le représentant de l'Alliance démocratique, Ahmed Agbibé, en présence du ministre algérien des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, et de l'ambassadeur d'Algérie au Mali, Abdelkrim Ghraïeb. Ces textes fixent, notamment, les modalités de retour des 3000 personnes armées dans le camp installé par l'Algérie à Kidal, a précisé M.Ghraïeb. Les deux parties se sont mises d'accord pour l'installation d'unités spéciales ayant pour mission de lutter contre le terrorisme et le trafic d'armes et d'assurer la sécurité de la région, toujours selon le ministre algérien. De son côté, M.Agbibé a qualifié la signature de ces documents de sortie de crise comme une étape importante pour la stabilité du Mali, affirmant l'engagement de l'Alliance démocratique à respecter cet accord. Il a affirmé que les unités spéciales, qui seront composées par des éléments de l'Alliance démocratique après leur réinsertion et de l'armée nationale, élimineront toute présence armée étrangère sur le territoire malien. Grâce à une médiation algérienne, le gouvernement malien et les ex-rebelles touaregs avaient signé en juillet à Alger des accords de paix, selon lesquels les Touareg ne doivent plus réclamer l'autonomie de leur région tandis que Bamako doit accélérer le développement du Nord désertique abritant l'essentiel de la communauté touarègue. L'Algérie qui lorgne, avec inquiétude, ses frontières sud, déploie actuellement de grands efforts pour apaiser les zones-crises et pacifier les «frères-ennemis» de cette vaste région saharo-sahélienne qui est devenue l'objet de convoitises suspectes aussi bien américaines qu'européennes.