L'avènement du Salon international du livre d'Alger est l'occasion, chaque année, pour soit éditer des livres nouveaux, soit rééditer une partie de ces pages intemporelles qui sont d'une grande valeur pour notre histoire et notre culture. Coïncidant cette année avec la célébration du 1er Novembre, et dans cette optique, le 11e Sila vous propose, dans la collection Voix de l'Anticolonialisme, une somme de textes parus chez Anep Editions. Une série d'ouvrages d'hommes qui ont servi la cause algérienne sont ainsi disponibles dans la collection Voix de l'Anticolonialisme et préfacés par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Parmi, on peut citer La Révolution algérienne par les textes, des documents présentés par André Mandouze qui s'est fait remarquer par ses positions contre le fascisme allemand puis en débarquant en Algérie, en 1946, contre le colonialisme. Engagé clairement pour l'Algérie, André Mandouze fait partie des signataires du Manifeste 121. Dans la préface, Abdelaziz Bouteflika prévient, d'emblée, que le projet de rééditer la Révolution algérienne par les textes d'André Mandouze est un projet déjà ancien qui lui tenait particulièrement à coeur, bien avant la disparition de l'auteur, au mois de juin 2006. «J'estimais de mon devoir de mettre à la disposition du public algérien ce magistral travail de choix de montage de textes produits par notre mouvement national au cours de la guerre de Libération nationale et dont le but était de ´´convertir´´ à l'indépendance de notre pays une opinion publique française encore largement parasitée par les miasmes d'un colonialisme délétère.» M.Bouteflika rappelle la vie et l'oeuvre magistrale d'André Mandouze dont les hauts faits et sa position pour l'indépendance ont servi grandement le pays mais aussi l'ont conduit à se mettre en danger lui et sa famille pour notre liberté. Ce livre écrit 45 ans après sa première édition en 1961 chez Maspero, évoque «ce grand Français engagé aux côtés de la nation algérienne pendant 6 ans avec une constante, une rectitude, un dévouement et une créativité exemplaires». Il fait part aussi du long combat de Mandouze qui a débuté par ses articles publiés dans la revue Esprit en 1947 pour ne s'arrêter qu'avec son rappel à Dieu à l'âge de 90 ans. André Mandouze, qui s'était fermement opposé à la loi du 23 février, a «su produire, soutient le président de la République, un montage de textes qui résistent à la temporalité historique...». Dans son avant-propos, André Mandouze prévient, pour sa part, que ce qui suit n'est pas un livre mais un dossier, constitué de textes émanant du FLN ou d'organismes qui lui sont apparentés. La chronologie garde toute son importance. Le dossier est précédé d'un bref tableau. Y figure à partir du 1er Novembre 1954, un certain nombre d'événements qui ont influencé la Révolution algérienne ou l'ont traduite...Loin de faire l'apologie des opérations militaires et des exécutions humaines, il est présenté ici, nous indique-t-on, le bilan essentiellement politique, tourné vers l'avenir. «Des textes qui écrivent la réalité pour connaître l'autre». Le livre est subdivisé en chapitres et paragraphes. Un seul texte a cette allure, celui de la Soummam, élaboré en août 1956 et maintes fois réédité depuis (plate-forme). Parmi ces textes, des citations de Ferhat Abbas, des extraits tirés d'El Moudjahid, sur le rôle du FLN, de l'ALN, de la conscience révolutionnaire algérienne...Dans Portait du colonisé, signé Albert Memmi, Bouteflika souligne également dans sa préface la «voix singulière de l'anticolonialisme» de Memmi, ce Juif tunisien dont la force du texte «réside dans le fait qu'il est, en quelque sorte, une arme intellectuelle de grande précision au service des colonisés et une pédagogie de la démystification à l'usage de ceux des colonisateurs qui ne sont pas complètement saturés par les présupposés de la vision du monde colonial». En effet, le président de la République souligne «l'implacable rigueur de la démarche phénoménologique à laquelle Albert Memmi soumet la relation colonisateur-colonisé et qui le conduit à un diagnostic incontestable, indépendant des ´´voeux´´ de chacun et à des pronostics, pour l'essentiel, validés par l'expérimentation historique des sociétés africaines» et de poursuivre: «La colonisation européenne contemporaine, en particulier au Maghreb, est dans son essence, une impasse parce que fondée sur des ´´privilèges´´ qui interdisent, à la fois, et dans le même temps, l'extermination totale des colonisés tout autant que leur assimilation.» Enfin, M.Bouteflika dira, tout de même, sa tristesse et son amertume en pensant à «ce que serait devenu le Maghreb si les communautés juives, qui, par leur histoire et leur culture, étaient une composante entièrement endogène de nos sociétés, n'avaient pas été prises dans la spirale de l'identification au colonisateur, n'avaient pas été mises en position d'étrangeté vis-à-vis de leurs propres peuples par les pratiques de stratification raciste qui étaient l'une des modalités de la reproduction de la domination coloniale. A coup sûr, un Maghreb plus divers, plus dynamique...». Dans cet ouvrage, Albert Memmi dresse aussi le portrait du colonisé suivi de celui du colonisateur et remonte dans le temps pour y voir un mythe, une image du colonisé imposée dont la paresse va jusqu'à la déshumanisation. Il se trouve ainsi «hors de l'histoire, hors de la cité». Il se rabattra tôt ou tard sur lui-même et sur les valeurs traditionnelles puis de se révolter même contre soi pour atteindre sa liberté... Cela en substance. Il convient plutôt de lire ce livre instructif qui sera disponible au stand Anep.