Le communiqué de la présidence de la République invitant les ârchs à une rencontre en vue de concrétiser la mise en oeuvre des revendications de la plate-forme d'El-Kseur annonce-t-il le début de la sortie de crise? Les événements s'accélèrent ces derniers jours dans le bras de fer opposant le mouvement citoyen et les pouvoirs publics. Alors que les délégués de l'interwilayas s'affairaient à préparer les sit-in et la grève d'aujourd'hui, les dix détenus incarcérés à Tizi Ouzou ont été mis en liberté provisoire en attendant le verdict pour le 24 février, et la présidence de la République a rendu public, avant-hier, un communiqué invitant les ârchs à la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur. S'agit-il de couronner le processus de dialogue engagé avec les camarades de Allilouche par une rencontre avec le président de la République, ou le pouvoir s'est-il rendu compte que le règlement de la crise passe nécessairement par le dialogue avec les vrais animateurs du mouvement citoyen? L'avenir nous le dira pour l'heure, c'est le wait and see. Me Aït Larbi Mokrane, réagissant à l'appel du Président de la République et à la libération des détenus, juge que les deux faits «peuvent être interprétés comme un signe d'apaisement ou comme une démarche politicienne pour apaiser les esprits et permettre la participation de la Kabylie aux élections législatives. Dans les deux cas, l'essentiel, aujourd'hui, c'est d'éviter l'effusion du sang, sans céder sur les revendications principales». Concernant les sit-in devant les brigades de gendarmerie, Me Aït Larbi affirme qu'«ils sont à éviter, car il suffit d'une provocation de part ou d'autre pour pousser à la reprise des émeutes. Et ce sont les jeunes qui vont payer encore une fois les défaillances du pouvoir et de la classe politique d'une façon générale». Comme il n'a pas été tendre avec ceux qui appellent à la radicalisation du mouvement citoyen en Kabylie en les invitant à «quitter leurs quartiers sécurisés et leur sécurité rapprochée (et) à venir avec leurs familles habiter en Kabylie et permettre à leurs enfants de partager le bien-être de cette radicalisation avec les jeunes de leur âge qu'on tente d'exposer quotidiennement au danger». Pour revenir à l'appel du Président de la République, il est à signaler que le groupe dit des 9 dissidents de la Cadc de Tizi Ouzou ainsi que le Comité populaire de Béjaïa ont rendu publiques leurs propositions de sortie de crise qui se résument en l'annonce par le Président de la République des mesures d'apaisement telles que la libération de tous les détenus des événements, arrêter et déférer devant la justice tous les auteurs et commanditaires des assassinats, la reconnaissance de tamazight comme langue nationale et officielle, le départ des brigades de gendarmerie où il y a eu mort d'homme et blessés graves, et bien entendu la reconnaissance du statut de martyr de la citoyenneté pour les victimes. Une fois ces mesures annoncées avec l'acceptation de la plate-forme d'El-Kseur, la négociation peut commencer avec de préférence tous les animateurs du mouvement citoyen. Pour l'heure, la réaction de l'interwilayas serait attendue lors du prochain conclave, et il est permis d'espérer que la fin du calvaire est imminente.