En défrichant le passé commun douloureux, les tensions ont atteint leur summum à cause de la loi du 23 février. Deux jours après le message de félicitations adressé par le président Chirac, à l'occasion de la fête du 1er Novembre, à son ami Bouteflika, ce dernier réplique par un autre message, jeudi, au moment où il survolait le territoire de la République française pour se rendre en Chine. Aussi bien dans le message de M.Chirac que dans celui de M.Bouteflika, le qualificatif «Traité d'amitié» en vogue, il y a deux années, ne figure plus aujourd'hui dans le lexique des deux chefs d'Etat. Les deux présidents évoquent dans ces échanges épistolaires «un partenariat stratégique». Pourtant, toutes les prémices de ce que devrait comporter le Traité d'amitié souhaité par les deux capitales, Alger et Paris, figurent dans les messages que s'envoient régulièrement les deux présidents, fortement engagés à mener le projet à bon port. «Au moment où je survole le territoire français pour me rendre en Chine, il me plaît de vous adresser mes chaleureuses et amicales salutations, ainsi que mes meilleurs voeux de bonheur et de santé personnels, et de progrès et prospérité pour le peuple français ami», écrit le président Bouteflika dans son message. Le chef de l'Etat exprime ainsi sa «satisfaction pour le développement important que connaissent les relations» entre les deux pays, «un développement appelé à terme, -ajoute-t-il à aboutir à l'édification d'un partenariat stratégique et exemplaire entre l'Algérie et la France, conformément à la Déclaration d'Alger». «Je voudrais vous réitérer mon engagement personnel, que je vous sais partager, à oeuvrer pour la concrétisation de cet important objectif que nos deux peuples appellent de leurs voeux» a ajouté le président Bouteflika dans son message. C'est presque avec les mêmes propos que le président français a effleuré le Traité d'amitié dans son message d'il y a deux jours. M.Chirac a estimé que l'Algérie et la France sont liées par «un partenariat d'exception» qui tire sa source, a-t-il souligné, «de notre engagement commun, lors de la Déclaration d'Alger, il y a trois ans, de renforcer sans cesse les liens étroits entre nos deux peuples». Le président français s'est réjoui, à ce propos, «du chemin que nous avons parcouru depuis lors» et s'est dit «confiant» devant les perspectives d'approfondissement. Depuis quelques années, un énorme travail a été entamé en vue d'aller vers une meilleure compréhension réciproque d'un passé commun douloureux. Dans cette marche de défrichement du passé, les tensions ont atteint leur summum durant la période 2005-2006. A l'origine de ce faux pas dans la grande marche, la loi du 23 février 2005 glorifiant le colonialisme. La réaction virulente de la société civile en Algérie et le ton utilisé par le président Bouteflika, notamment eu qualifiant cette démarche de «forme de cécité mentale confinant au négationnisme et au révisionnisme», ont suscité le courroux de certaines personnalités de l'Hexagone. Il a fallu l'arbitrage du président Chirac après les réactions algériennes et des territoires français d'Outre-mer, pour que l'article 4 de ladite loi soit abrogé. Depuis, la tension est tombée d'un cran mais l'Algérie attend toujours des excuses officielles de la France. Et le Traité d'amitié se trouve à chaque fois différé. Il se bonifie...comme diraient les initiés.