À l'approche de l'élection présidentielle en France, le président Jacques Chirac semble pressé de renouer le dialogue politique sur le traité d'amitié dont la signature a été remise en cause à la suite de l'adoption de la loi du 23 février 2005, soulignant le “rôle positif” de la colonisation. Cette loi avait soulevé de vives réactions en Algérie. En un mois, c'est le deuxième message du président français au chef de l'Etat algérien dans lequel, il parle encore une fois de l'existence d'un “partenariat d'exception” entre les deux pays. À l'occasion de la célébration du 52e anniversaire du déclenchement de la Révolution, Jacques Chirac rappelle que ce partenariat tire sa sève de “l'engagement commun, lors de la déclaration d'Alger, il y a trois ans, de renforcer sans cesse les liens étroits entre nos deux pays”. Le président français se félicite du chemin parcouru depuis et se déclare “confiant devant les perspectives d'approfondissement que ce partenariat recèle, à travers de nouveaux projets et de nouveaux engagements”. Dans un monde où “la globalisation crée des liens d'interdépendance, le dialogue des cultures et la promotion de partenariats équilibrés entre les Etats doivent être les fondements de notre action au service de la paix et de la sécurité internationale”, insiste Jacques Chirac afin de “répondre notamment aux injustices du sous-développement et à l'instabilité qu'il engendre”. Dans ce sens, il déclare être très sensible “au soutien que l'Algérie a apporté à la réflexion sur les financements innovants du développement, ainsi qu'à la facilité internationale d'achat de médicaments”. Le 13 du mois en cours, Abdelaziz Bouteflika a, en effet, reçu un premier message de son homologue français réaffirmant l'engagement de son pays pour mener “à bien le rapprochement historique” sans revenir sur les exigences de l'Algérie sur cette question. En effet, en dépit de l'abrogation de l'article controversé de la loi du 23 février, Alger repousse jusqu'à présent la signature du “traité d'amitié” qui, selon le chef de l'Etat algérien, doit être précédé par des excuses officielles de la France pour les crimes commis durant les 130 années de colonisation de l'Algérie. S'il ne fait aucun doute que le passé colonial de la France en Algérie continuera pour longtemps à peser sur les relations entre les deux nations, il reste à savoir quelle sera la réponse d'Alger aux multiples sollicitations du président français sur la nécessité d'honorer l'engagement pris lors de la déclaration d'Alger. De son côté, le roi Mohammed VI saisit également l'occasion de la fête nationale pour réaffirmer son souhait “d'approfondir les liens de fraternité, de solidarité et d'entraide entre nos deux peuples et nos deux pays”, et de rappeler que “les liens de fraternité qui unissent le royaume du Maroc et la République algérienne démocratique et populaire traduisent la profondeur du patrimoine historique commun de nos deux pays frères qui constitue à la fois une assise solide pour l'édification d'une coopération fructueuse et porteuse de stabilité et de développement”. Coopération qui constitue, selon lui, “un pilier fondamental pour la construction d'une union basée sur la complémentarité et l'intégration économique en tant qu'option stratégique incontournable pour relever les défis de la mondialisation et des regroupements régionaux”. Nissa Hammadi