Sur fond de terrorisme, cette histoire ambiguë pèche par un trop-plein d'invraisemblance et donc d'incohérence... Un film qui n'a ni queue ni tête. Quelque part en Algérie dans les années 90, Amel campée par Rachida Brakni, un médecin urgentiste à l'hôpital, en compagnie d'une amie collègue, Khadidja, une ancienne moudjahida, part à la recherche de son mari journaliste présumé kidnappé par des terroristes, selon les dires de son voisin, un sombre personnage. Bravant tous les dangers et pourvue d'un courage et d'une audace presque anormale, ces femmes vont sillonner le djebel pour être pris par un étrange groupe armé puis relâchées par leur chef. Ce dernier, ancien moudjahed, bijoutier du village, consent à les libérer en réglant ainsi sa dette envers Djamila qui l'a soigné jadis au temps de la guerre de Libération en le sauvant de la mort. Sur fond de décor pittoresque, rehaussé de grands plans séquences, un large horizon luxuriant, tourné à Tipaza, se déroule le parcours improbable de ces femmes dont le sang-froid et la détermination aveuglante leur confèrent paradoxalement une sorte d'irréalité, voire une insouciance presque désarmante et trouble. Se mouvant dans un espace censé être des plus dangereux, c'est quasiment par magie qu'elles évolueront dans ce cadre vide, hors temps qui éloigne de plus en plus le téléspectateur de la réalité des choses. Même le terrorisme censé planer au-dessus de leurs têtes n'est qu'un mirage qu'on ne détecte qu'au truchement de l'arme que Amel brandit devant un groupe de jeunes gens mal intentionnés, mais en aucun cas terroristes. Un recul qui aura pour conséquence une grande confusion, une ambiguïté des repères et donc une belle frustration au bout. En voulant être au coeur de la réalité implacable du terrorisme tout en la traitant de biais, ce qui est une bonne démarche au fond, la réalisatrice s'est emmêlée les pinceaux en noyant cette histoire dans une sombre anecdote qui ne tient pas la route et dont l'accomplissement pèche par un trop-plein d'invraisemblance. Les terroristes n'ont pas du tout la tête de l'emploi, même si on comprend que la réalisatrice a voulu rompre avec le cliché des islamistes barbus...Une oeuvre-fiction même inspirée du vécu se doit d'être crédible pour que le public y adhère justement. Or, des scènes inimaginables finissent par lasser le téléspectateur, déjà largué par un excès de lenteurs caractéristiques. Comment dans une société conservatrice et par-dessus le marché dans un coin perdu d'un village algérois, une vieille dame peut -elle fumer à la vue de tout le monde, a fortiori en pleine période de terrorisme? Un choix de la scénariste Djamila Sahraoui mais aussi de Cécile Vargaftig, difficile à avaler. La belle musique de Alla et cette atmosphère presque onirique, certes, un peu poétique qui s'en dégage, finissent par éloigner le téléspectateur de toute accroche avec leur propre vécu. Un vécu qui pour rappel ne pardonnait pas...La beauté des paysages et le regard inexpressif de Amel, dont la révolte contenue est prête à exploser comme un volcan, ne suffisent pas pour convaincre, hélas, même si Fetouma Bouamari sauve parfois le scénario et parfois énerve aussi par un je-ne-sais quoi de surjeu. Animant une conférence de presse après la projection du film, même le producteur Lotfi Bouchouchi qui parlera de réussite concernant le film fera remarquer clairement le côté «exagéré» de certaines scènes qui desservent le film. Le producteur dont la devise est «pourvu que le film se produise en Algérie» se félicitera en tout cas qu'un film algérien se fasse en Algérie, eu égard à la désagrégation de notre industrie cinématographique. Enumérer tous les avatars du milieu du 7e art en Algérie, ne justifie cependant pas cet écart flagrant qui éloigne ce long métrage de la réalité sociale de son pays. Même si le film n'a pas cette prétention de traiter du terrorisme. Une faute donc à souligner. Réalisé par Djamila Sahraoui, le film est produit à hauteur de 80% par des Français, l'on comprend pourquoi un jeune voyou et un terroriste de surcroît parlent en français dans le film...Pour info aussi, Baraket! a coûté la bagatelle d'un million deux d'euros et a nécessité près de 7 semaines de tournage. Le film, enfin, est projeté à la salle El Mougar durant le mois de novembre à raison de 4 séances par jour, 14h, 16h, 18h et 20h.